Le samedi 10 juin 2023 à 11:19
Après un procès très médiatisé et chargé d'émotion, l'ex-petit ami de Shaïna, assassinée à 15 ans en 2019 à Creil, a été condamné à dix-huit ans de réclusion criminelle par la cour d’assises des mineurs de l’Oise ce vendredi. La victime avait été poignardée et brûlée vive, et était probablement enceinte de son meurtrier au moment de son décès.
"Pourquoi ? Pourquoi ?", a lancé l'accusé, pâle et ému, après l'annonce du verdict, avant de clamer son innocence. La sentence, bien qu'importante, est inférieure aux réquisitions de l'avocat général, Loïc Abrial, qui avait demandé trente ans de réclusion criminelle pour un crime "prémédité à chaque étape". L'avocat de l'accusé, Me Elise Arfi, avait décrit son client comme un homme "pétrifié, terrorisé".
«Dix-huit ans ! C’est ça la justice en France !»
La décision de justice a suscité une réaction vive de la part de la famille de la victime. Yasin, le frère de Shaïna, a éclaté en sanglots en criant "Dix-huit ans ! C’est ça la justice en France !", avant d'êetre hospitalisé après un malaise. Le père de la victime s'est dit "déçu de la justice", et l'avocate de la famille, Me Negar Haeri, a déploré que "la justice se fout des violences faites aux femmes".
Shaïna, décrite par sa mère comme "rigolote et souriante", avait déjà été victime d'agressions sexuelles deux ans avant son assassinat, et les coupables ont été condamnés à des peines allant de six mois à deux ans de prison avec sursis.
Selon l'enquête, l'accusé aurait été motivé par la peur de perdre l'amour de ses parents s'il enfreignait leurs exigences de perfection, notamment en ce qui concerne l'interdit religieux sur la sexualité. "Il était prêt à tout détruire pour sauver son image", a déclaré l'avocat général. La défense a contesté le portrait du jeune homme dressé par l'expert psychiatre, qui a relevé un manque d'empathie et un narcissisme chez l'accusé. L'avocate de l'accusé a également critiqué l'enquête, affirmant qu'"aucune autre piste n’a été explorée" et que certaines "zones d’ombre" n’ont pas été levées.
Cependant, Me Negar Haeri a maintenu que la culpabilité de l'accusé était soutenue par des éléments "super objectifs", tels que le fait que les téléphones de l'accusé et de Shaïna ont "borné" près du lieu du crime peu avant les faits, et que des brûlures sur les jambes de l'accusé ont été confirmées par un expert médical.
Son corps découvert dans un cabanon abandonné
Suite à son assassinat, le corps de Shaïna avait été retrouvé dans un cabanon abandonné dans les jardins ouvriers de Creil. L'autopsie a révélé qu'elle avait été poignardée une dizaine de fois et brûlée vive. Elle était également enceinte et attribuait sa grossesse à son ex-petit ami, l'accusé.
L'avocate de la famille de Shaïna, Me Negar Haeri, a soutenu que la culpabilité de l'accusé ne fait pas de doute. Elle souligne la blessure à la jambe de l'accusé, qui serait une brûlure selon un médecin légiste, ainsi que le fait que son téléphone ait été éteint le soir du meurtre et borné à proximité du cabanon peu après le début de l'incendie. Selon elle, ces éléments "objectifs" ont conduit à sa condamnation.
Des témoins absents
Le procès a également été marqué par le revirement ou l'absence de certains témoins à charge. Par exemple, un ami de l'accusé, qui avait précédemment déclaré avoir vu du sang sur ses vêtements le lendemain du meurtre, a affirmé lors du procès ne plus s'en souvenir. Deux anciens co-détenus qui auraient entendu l'accusé se vanter d'avoir tué Shaïna ne se sont pas présentés à l'audience.