Le vendredi 14 octobre 2022 à 13:53
La cour d'assises du Bas-Rhin a condamné Jean-Christophe Karcher à vingt ans de réclusion criminelle pour 34 agressions sexuelles de fillettes et trois viols, vendredi à l'issue de deux semaines de procès à Strasbourg.
Debout dans le box, face à une salle comble, l'ancien premier adjoint au maire d'un village de 1000 habitants du nord Alsace, professeur de collège et chef de camp scout, n'a pas réagi à l'énoncé du verdict, le jury l'ayant reconnu coupable de toutes les questions posées, le condamnant au maximum légal, écartant néanmoins la rétention des deux-tiers requise.
"Les victimes sont soulagées, leur processus de reconstruction peut débuter, c'est peut-être la chose plus difficile (...) pour qu'elles se construisent en tant que femmes", a commenté Me Michaël Plançon, avocat de huit parties civiles, saluant un procès "digne".
Alors qu'il avait nié les trois viols digitaux au cours de l'instruction, l'accusé de 50 ans a finalement reconnu l'ensemble des faits reprochés face à la cour et à la plupart de ses victimes présentes aux audiences. Celles-ci étaient pour l'essentiel des amies des deux filles de l'accusé (elles-mêmes agressées), qui opérait selon un mode opératoire bien rôdé. Les fillettes étaient invitées dans la piscine familiale où il imposait le "jeu du requin" et en profitait pour les saisir sur leurs parties intimes ou sous leur maillot de bain.
D'autres agressions auraient eu lieu lors de camps scout auxquels il participait. Les faits retenus se sont déroulés entre 2007 et 2018, la plupart des victimes avaient entre 9 et 11 ans.
La notabilité de Jean-Christophe Karcher, très intégré dans la vie locale, avait sans doute découragé les victimes et leurs parents de le dénoncer. Incarcéré depuis fin 2018, il a déjà passé près de quatre ans en détention. Les jurés lui ont également imposé un suivi socio-judiciaire de 10 ans avec injonctions de soins, et l'ont notamment privé de l'autorité parentale sur sa fille mineure. Une peine de dix ans d'inéligibilité a par ailleurs été prononcée à l'encontre de l'ancien élu.
Son père également condamné
La cour a également suivi les réquisitions concernant le père de l'accusé, un homme de 79 ans jugé pour destruction de preuves : Jean Karcher a été condamné à deux ans de prison, dont un avec sursis, sans mandat de dépôt.
A la demande de son fils, il avait brûlé dans sa chaudière plusieurs clés USB sur lesquelles se trouvaient certainement des vidéos des agressions commises par son fils.
Débuté le 3 octobre, le procès du "requin de Niederroedern" s'est partiellement tenu à huis clos. Seul un journaliste de la presse locale avait été autorisé à assister aux débats, ses confrères - y compris l'AFP - étant priés de quitter la salle avant le début des débats. Ce choix avait été dénoncé par plusieurs associations de journalistes. La décision de vendredi a en revanche été prononcée, conformément à la loi, en audience publique.