Cambriolages : Le rugbyman du XV de France Mohamed Haouas écope de 18 mois de prison avec sursis

Son ADN avait été retrouvé sur l'élastique d'une lampe frontale abandonnée par les cambrioleurs.
Cambriolages : Le rugbyman du XV de France Mohamed Haouas écope de 18 mois de prison avec sursis
Le pilier du XV de France Mohamed Haouas s'entretient avec son avocat Marc Gallix, le 4 février 2022 au Palais de justice de Montpellier, avant l'ouverture de son procès. (Pascal Guyot / AFP)
Par Actu17
Le vendredi 4 février 2022 à 15:20

Titulaire quasi indiscutable en équipe de France de rugby, Mohamed Haouas, 27 ans, a été condamné vendredi à 18 mois de prison avec sursis pour son implication dans des cambriolages il y a huit ans. Un passé difficile qu'il a donc enfin soldé. Initialement prévu en janvier 2021, plusieurs fois reporté, ce procès devant le tribunal correctionnel de Montpellier a privé le joueur du match d'ouverture du Tournoi des six nations avec les Bleus ce dimanche contre l'Italie.

"C'est un parcours exemplaire pour les jeunes, et je le prends en compte. Il veut apurer sa dette, refermer ce chapitre", avait reconnu la procureure, en demandant "18 mois de prison avec un sursis et 15 000 euros d'amende" contre le pilier de l'équipe de France et de Montpellier. Un réquisitoire suivi à la lettre par le tribunal.

"Il y a des trucs qu'ils me reprochent que j'ai pas fait, mais vaut mieux ça que de la prison, on va dire", a réagi le joueur après le délibéré. "Il faut qu'il oublie, qu'il tire un trait, on ne fera pas appel, c'est évident", a commenté de son côté son avocat, Me Marc Gallix, "et on parlera uniquement du joueur de rugby".

Le co-prévenu de Mohamed Haouas, qui comparaissait détenu, a lui été condamné à 18 mois de prison ferme. Un troisième homme, mineur à l'époque, a été renvoyé devant un juge des enfants. Veste bleu marine à capuche, pantalon et masque chirurgical noir, le colosse montpelliérain (1,85 m pour 125 kg) était arrivé en compagnie de son épouse et du manager du club héraultais, l'ancien sélectionneur des Bleus Philippe Saint-André.

Interpellé en juin 2014 et détenu quatre jours dans le cadre de l'enquête sur une série de cambriolages de bureaux de tabac à Montpellier entre février et avril de cette année-là, l'international devait répondre de "vols en réunion avec effraction" et du "recel" d'une voiture volée. Son ADN avait été retrouvé sur l'élastique d'une lampe frontale abandonnée par les cambrioleurs lors d'un des vols. Lors de l'enquête, Mohamed Haouas avait pourtant toujours nié les faits, reconnaissant seulement avoir participé au transport de certains des cartons de cigarettes dérobés. "'Momo', dis-leur de se dépêcher, on a entraînement à 14h00", a lancé Saint-André avant l'ouverture de l'audience, pour tenter de dérider son joueur.

"On a mangé à Coluche"

À la barre, Mohamed Haouas a préféré garder le silence sur les faits, pour "laisser parler son avocat". Mais il a répondu aux questions de personnalité, expliquant être marié, avoir deux enfants, un fils de quatre ans et une fille de quatre mois, et gagner 15 000 euros par mois comme rugbyman professionnel.

Concédant "des erreurs de jeunesse", il est revenu sur son enfance dans le quartier sensible du Petit Bard à Montpellier, où il était arrivé avec ses parents, en provenance du Nord : "Soit tu restes, soit tu t'échappes. (...) Ils m'ont testé, je n'avais ni grand-frère, ni père, il fallait que je me défende".

"On a mangé à Coluche (NDLR: les Restos du cœur), on a habité dans des foyers, des hôtels, c'était un peu compliqué", a rappelé le joueur, encore capable de coups de sang, comme ce direct décoché à un Écossais durant le Tournoi 2020 ou cette bagarre avec un partenaire d'entraînement à Montpellier en 2018.

Aujourd'hui, il est "fier" de l'homme qu'il est devenu : "J'ai galéré dans la vie, je me suis démerdé, je suis fier d'avoir construit une famille, une maison", a-t-il insisté, questionné par son avocat, Me Marc Gallix. Et côté rugby, c'est "une fierté" aussi de porter le maillot bleu, pour lui, le gamin franco-algérien. "Je suis la mascotte dans le vestiaire, je suis toujours de bonne humeur, même quand ça ne va pas, je ne le montre pas", explique celui que ses partenaires ont surnommé "Kubiac", ce géant glouton d'une série TV des années 1990.

Venu au rugby sur le tard, à 15 ans, l'ancien adepte de taekwondo essaie aujourd'hui d'attirer d'autres jeunes vers son sport : "S'il leur faut des habits, des crampons, je les paie, j'aurais aimé connaître ça".