Le mercredi 14 décembre 2022 à 19:10
Un lycéen de Grasse (Alpes-Maritimes) fasciné par la tuerie de Columbine, aux États-Unis, et qui avait ouvert le feu sur ses camarades en 2017, faisant cinq blessés, a été condamné mercredi à Nice à cinq années de prison mais ne retournera pas derrière les barreaux.
Ayant déjà effectué trois ans de détention provisoire entre 2017 et 2020, et compte tenu des deux ans avec sursis probatoire qui accompagnent sa peine, ce jeune homme ne retournera pas en prison pour cette première fusillade en milieu scolaire en France. La cour d'assises des mineurs des Alpes-Maritimes a estimé "qu'il n'était pas dans l'intérêt de la société qu'il retourne en prison".
Jugé à ses côtés, son ami intime, accusé de lui avoir apporté son concours, a été condamné à trois ans dont un avec sursis. Ayant déjà effectué deux ans de détention, il ne retournera pas non plus en prison. Leur procès s'est déroulé à huis clos à Nice. Une première audience avait été reportée sine die en mars 2020 à la suite du confinement.
Il voulait se venger d'une dizaine de camarades
Décrit comme discret, voire renfermé, l'élève avait pénétré dans son lycée à l'heure du déjeuner le 16 mars 2017, muni d'un fusil de chasse, d'un pistolet à grenaille, d'un revolver et d'une bombe artisanale. Averti du projet de son ami, dont il partageait la passion pour les tueurs de masse, un autre élève l'avait accompagné récupérer les armes chez son grand-père puis déposé en scooter au lycée Tocqueville de Grasse. Le jour et l'heure avaient été choisis par le lycéen selon l'emploi du temps de sa classe, car il voulait se venger d'une dizaine de camarades. Mais il s'était finalement trompé de salle et avait blessé un peu au hasard ses victimes dans la cour - sauf dans le cas du proviseur de l'établissement, blessé au bras gauche après s’être interposé, et d'un élève qu'il considérait comme "une racaille".
La cour d’assises l'a reconnu coupable de plusieurs tentatives d'homicide volontaire avec préméditation et son ami de complicité de ces crimes. Considérant que l'intention homicide était acquise mais qu'il fallait tenir compte de l'altération du discernement établie par certains psychiatres au sujet de l'auteur, l'accusation avait requis 10 ans de réclusion criminelle à l'encontre de l'auteur de la fusillade et 4 ans dont 2 avec sursis pour son complice. L'auteur principal, âgé de 16 ans au moment des faits, risquait jusqu’à vingt ans de réclusion.
La défense des deux jeunes hommes, qui comparaissaient libres, avait soutenu "la simulation ou l'acte manqué, davantage que l'intention homicide", a indiqué Me Luc Febbraro, l'avocat du complice, à propos des faits commis par son client. Me Camille Radot, à la défense de l'auteur de la fusillade, avait demandé la requalification de ces faits de "tentative d'assassinats" en "violences volontaires avec armes".
Le bâtonnier Francis Lec, pour le Syndicat national des personnels de direction de l'Éducation nationale (SNPDEN), qui a demandé à se constituer partie civile, a défendu de son côté "une attitude mesurée", jugeant important "qu'au-delà de la mansuétude, on entende un message de fermeté pour que jamais ne se reproduise ce qui s'est passé au lycée Tocqueville et qu'on protège le monde de l'éducation exposé quotidiennement à des agressions".