Le mercredi 3 septembre 2025 à 19:03
Le tribunal judiciaire de Paris a condamné l’État pour faute lourde dans l’enquête sur la disparition d’Estelle Mouzin, survenue le 9 janvier 2003 à Guermantes (Seine-et-Marne). L’État devra verser 50 000 euros à Éric Mouzin, père de la fillette, au titre du préjudice moral.
Selon le jugement rendu ce mercredi, "le manque de moyens humains et les dysfonctionnements constituent une faute lourde et engagent à ce titre la responsabilité de l’État". La plainte avait été déposée en 2018 par Éric Mouzin pour "faute lourde" et "déni de justice". Lors d’une audience en juin 2024, il avait dénoncé l’"amateurisme" des services enquêteurs.
Le procureur a reconnu des "manquements du service public de la justice à l’égard de la partie civile". Il a toutefois souligné que "il y a une faute lourde mais entre cette faute lourde et le fait que Michel Fourniret n’a pas été mis en examen, il n’y a pas de causalité directe". Concernant la durée de l’instruction, il a estimé qu’"il n’est pas démontré de particulière période de carence ou d’inaction".
Estelle Mouzin avait disparu à l’âge de 9 ans alors qu’elle rentrait de l’école. La piste de Michel Fourniret, un temps envisagée, avait été abandonnée avant d’être relancée en 2020 par la juge Sabine Khéris, qui a succédé à sept autres magistrats. Le tueur en série avait alors reconnu son implication dans le meurtre, mais le corps de la fillette n’a jamais été retrouvé.
Michel Fourniret, déjà condamné à la perpétuité incompressible pour sept meurtres commis entre 1987 et 2001, est mort en 2021 sans avoir été jugé pour l’affaire Estelle Mouzin. En décembre 2023, son ex-femme Monique Olivier a été condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 20 ans, pour sa complicité dans trois enlèvements et meurtres, dont celui d’Estelle Mouzin.
«Plus de 20 ans de combat pour savoir la vérité»
Éric Mouzin réclamait 150 000 euros au titre des préjudices matériel et financier et 200 000 euros pour le préjudice moral. Son avocat, Me Didier Seban, a déclaré à l'AFP qu’il avait fallu "plus de 20 ans de combat pour savoir la vérité". Selon lui, "on aurait pu arrêter le parcours criminel de Michel Fourniret bien avant".