Le mercredi 29 janvier 2025 à 19:17
Le tribunal administratif de Paris a suspendu ce mercredi l’expulsion de l’influenceur algérien Doualemn Naman, connu sous le nom de "Doualemn". Cette décision intervient après un référé-suspension déposé par ses avocats, contestant la procédure d’urgence absolue engagée par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
L’homme de 59 ans, suivi par 168 000 abonnés sur TikTok, avait été interpellé le 5 janvier à Montpellier (Hérault) avant d’être placé en centre de rétention administrative (CRA) à Nîmes (Gard). Son expulsion vers l’Algérie avait été actée le 9 janvier, et il avait été escorté jusqu’à Paris puis mis dans un avion à destination de son pays d’origine. Mais les autorités algériennes ont refusé son admission sur le territoire et l’ont même déclaré "interdit de territoire". De retour en France, il avait alors été placé au CRA du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne).
Les faits reprochés à Doualemn Naman concernent une vidéo dans laquelle il appelait à "donner une sévère correction à un homme semblant résider en Algérie". Le tribunal administratif a jugé que ces propos constituaient une "menace grave à l’ordre public justifiant une expulsion". Toutefois, il a considéré que le ministre de l’Intérieur avait "appliqué à tort la procédure d’expulsion en urgence absolue", ce qui privait l’influenceur de "garanties essentielles telles que l’audition par une commission composée de magistrats". Dans ce contexte, sa rétention administrative a été prolongée de vingt-six jours par un juge le 12 janvier.
Cette affaire survient alors que les relations diplomatiques entre la France et l’Algérie sont particulièrement tendues, notamment après l’arrestation récente de l’écrivain Boualem Sansal. Bruno Retailleau avait affirmé que le renvoi de Doualemn Naman vers la France constituait une volonté de l’Algérie d'"humilier la France", tandis qu’Alger avait dénoncé une "campagne de désinformation" la visant.