Metz : Quatre ans de prison pour un ex-policier qui informait et alimentait des trafiquants

Nicolas E., un ex-policier de la brigade des stupéfiants de Metz, a été condamné à quatre ans de prison par le tribunal de Strasbourg (Bas-Rhin) pour avoir collaboré avec des trafiquants et abusé de sa position afin de fournir des informations confidentielles. Son avocat a annoncé son intention de faire appel de cette décision.
Metz : Quatre ans de prison pour un ex-policier qui informait et alimentait des trafiquants
Illustration. (José Hernandez - Camera 51 / Shutterstock)
Par La Rédaction
Le vendredi 12 avril 2024 à 16:48

Nicolas E., ancien policier, a été condamné ce jeudi à quatre ans de prison à Strasbourg (Bas-Rhin) pour trafic de stupéfiants et corruption, après avoir été reconnu coupable d'avoir collaboré avec des trafiquants et d'avoir abusé de sa position pour fournir des informations confidentielles. L'affaire, qui a éclaté suite à des écoutes téléphoniques et des sonorisations de véhicules, a révélé un réseau de corruption et de trafics divers au sein desquels le prévenu est soupçonné d'avoir joué un rôle central.

Entré à l'école de police de Reims (Marne) en octobre 2001 d'où il est sorti major de promotion, Nicolas E. s'est retrouvé plus tard impliqué dans des activités illégales. Des écoutes téléphoniques ont débuté en octobre 2019 alors qu'il était officier de police judiciaire (OPJ) à la brigade des stupéfiants de Metz (Moselle). A la barre, l'ex-fonctionnaire a admis qu'il "fermait les yeux" sur les activités illicites de ses indics, leur fournissant parfois des stupéfiants saisis lors d'autres enquêtes. "J’ai fait des conneries. Je n’avais plus de discernement. J’étais constamment sous l’effet de l’alcool", a déclaré l'ancien fonctionnaire, qui a ouvert, après sa révocation en mai 2021, une auto-entreprise dans la bâtiment.

Nicolas E. est allé jusqu'à communiquer les plaques d'immatriculation de véhicules banalisés d'autres services de police, dont il critiquait les méthodes, directement à des trafiquants. En outre, il informait ces mêmes personnes en consultant des fichiers de police à leur demande, et leur fournissait également des cartouches de cigarettes, des vêtements contrefaits, en échange d'argent.

«Un policier qui se met au service de voyous»

Pour sa défense, le prévenu a pointé du doigt la politique du chiffre, affirmant qu'il faut "toujours donner plus pour avoir plus d’infos". Le procureur de la République a dénoncé "un policier qui se met au service de voyous, qui a favorisé leur trafic", avant de requérir une peine de cinq ans de prison. L'avocat de Nicolas E., Me Mehdi Adjemi, a évoqué "un problème systémique" dans la police, en prenant d'autres cas récents similaires comme celui de l'affaire Neyret. "Il est impossible d’œuvrer contre les trafiquants sans l’aide d’autres trafiquants", a lancé l'avocat, affirmant que son client a fait gagner "des sommes astronomiques à ses patrons", qui reçoivent "des primes" sur les dossiers, et qu'il est aujourd'hui "un fusible".

Nicolas E., qui était jusqu'ici sous contrôle judiciaire, a finalement écopé d'une peine de quatre ans de prison. Un mandat de dépôt a été délivré, il a été conduit derrière les barreaux à la fin de l'audience. Me Mehdi Adjemi a annoncé qu'il allait faire appel.