Le mercredi 5 février 2025 à 17:49
Des coups de feu ont été tirés dans la nuit du 1er au 2 février 2025 dans le quartier de Roquebillière à Nice (Alpes-Maritimes), à proximité d’un point de vente de stupéfiants. Un homme a été tué par balles, et un suspect, armé d’un fusil à pompe, a été interpellé par les policiers de la brigade anticriminalité (BAC). Cet homme a été mis en examen pour "meurtre en bande organisée" notamment, et son placement en détention provisoire a été requis.
Cette nuit-là, vers 1 heure du matin, des tirs ont retenti rue Fenoglio-de-Briga. Deux équipages de la BAC, en mission de surveillance dans le secteur, ont repéré un individu en fuite en direction de la route de Turin. Selon le procureur de la République de Nice, Damien Martinelli, "l’intéressé refusait de stopper sa course et sortait un fusil à pompe de sa veste". Au cours de la poursuite, il a "pointé son arme dans la direction d’un fonctionnaire de police", ce qui a conduit un policier à faire usage de son arme de service, sans toucher le suspect. Finalement, l’individu a été interpellé au niveau du 198 route de Turin. L’arme, un fusil à pompe calibre 12, ainsi que des munitions, ont été saisis.
Des étuis de munitions calibre 12 et 9 mm
Dans le même temps, les policiers ont progressé vers la zone des tirs. "Sur une passerelle menant à la cité, à proximité d’une chaise utilisée par un guetteur du point de vente de stupéfiants, était découvert un homme décédé". Les premières constatations médico-légales ont révélé que la victime avait été atteinte par "deux tirs de munitions calibre 12 pouvant correspondre à l’arme saisie sur l’individu en fuite". Sur place, les forces de l’ordre ont également découvert "trois étuis de munitions calibre 12 et cinq étuis de calibre 9 mm", laissant envisager un échange de tirs.
La victime, un homme né en 1994 à Paris et domicilié à Goussainville (Val-d'Oise), était connue des services de police et de justice pour des faits sans lien avec le trafic de stupéfiants. Il avait quitté la région parisienne à l’été 2024 pour s’installer à Nice, indique le procureur. Le suspect interpellé, né en 2004 en Algérie et de nationalité française, réside habituellement à Marseille. Il est déjà connu de la justice pour "des faits de vol avec arme et extorsion commis à Marseille en 2020".
Rémunéré 2000 euros pour cette mission
Une enquête a été ouverte pour "meurtre en bande organisée" et confiée au Service interdépartemental de la police judiciaire (SIPJ) des Alpes-Maritimes. À l’issue de sa garde à vue, le suspect a été déféré et mis en examen pour "meurtre en bande organisée, association de malfaiteurs en vue de la commission de délits punis de dix ans d’emprisonnement et de crime, ainsi qu’infractions à la législation sur les armes de catégorie A et B". Le parquet a requis son placement en détention provisoire.
Lors de ses auditions, l'homme a reconnu être l’auteur des tirs, affirmant qu’il était venu "à la demande de tiers dans le but d’impressionner les personnes présentes sur le point de vente en tirant en l’air avec son fusil". Pour cette mission, il devait être rémunéré 2 000 €, précise le magistrat. Cependant, alors qu’il s’approchait du point de deal, il aurait été pris pour cible et aurait riposté, blessant mortellement la victime. "Ces faits s’inscrivent donc très clairement dans un conflit opposant deux structures criminelles en lien avec le contrôle du point de vente de stupéfiants situé à proximité", a précisé le procureur. L’information judiciaire devra permettre d’identifier d’autres protagonistes impliqués.
Quatre interpellations la nuit suivante et une Kalachnikov saisie
La nuit suivante, vers 2 heures, des riverains ont alerté les forces de l’ordre après avoir aperçu "un groupe d’une dizaine d’individus vêtus de sombre, porteurs pour certains de gants, de cagoules et d’armes", devant le bâtiment 16 du même quartier.
Les policiers de la BAC et des brigades spécialisées de terrain (BST) sont rapidement intervenus, provoquant la dispersion du groupe. Les policiers ont découvert "un fusil d’assaut Kalachnikov, des munitions calibre 7,62 mm non percutées, un chargeur endommagé correspondant ainsi qu’une petite quantité de résine de cannabis et de cocaïne". Quatre suspects ont alors été interpellés : trois mineurs âgés de 16 et 17 ans et un majeur de 22 ans, tous originaires du Val-d’Oise et déjà connus des services de police, notamment pour des infractions à la législation sur les stupéfiants. Aucun n’était en possession d’armes ou de drogue au moment de leur arrestation.
Durant leur garde à vue, ils ont indiqué être arrivés récemment à Nice, "le soir même pour certaines", souligne le procureur. Deux d’entre eux ont reconnu être venus pour "travailler" sur le point de vente de stupéfiants. En lien avec les services de la Direction interrégionale de la police nationale (DIPN) du Val-d’Oise, des perquisitions ont été menées à leurs domiciles, mais n’ont donné lieu à aucune saisie.
Un trafic structuré et des salaires attractifs
Les auditions des suspects ont permis de mieux comprendre le fonctionnement du trafic de stupéfiants local. Les individus interpellés ont détaillé la grille des rémunérations : les guetteurs percevaient entre "150 et 250 € par jour", tandis que les vendeurs et ravitailleurs touchaient "300 à 400 €". Les individus en charge de la sécurité du point de vente pouvaient quant à eux espérer "800 à 900 €". Ils ont insisté sur "le niveau élevé de rémunération proposé sur ce point de vente".
Au vu des éléments recueillis, les trois mineurs seront convoqués devant le juge des enfants de Pontoise pour "trafic de stupéfiants et complicité de trafic de stupéfiants". Concernant le majeur, le parquet a décidé d’un classement sans suite, "les éléments recueillis apparaissant insuffisants pour caractériser la commission d’une infraction".
L’enquête se poursuit afin d’identifier d’éventuels complices et de déterminer l’origine des armes saisies.