Le lundi 10 novembre 2025 à 12:16
Un policier est renvoyé en correctionnelle pour "violences volontaires" après avoir grièvement blessé un lycéen de 16 ans avec un lanceur de balle de défense (LBD) lors d’une manifestation à Saint-Jean-de-Braye (Loiret) en décembre 2018. La balle en caoutchouc avait atteint le jeune homme à la tête. L’affaire, longtemps marquée par des désaccords judiciaires, aboutit finalement à la tenue d’un procès près de sept ans après les faits, a rapporté une source judiciaire, confirmant une information d'Ici.
Le 5 décembre 2018, des manifestations de lycéens ont eu lieu dans toute la France pour protester contre la réforme du baccalauréat et la création de Parcoursup. À Saint-Jean-de-Braye, devant le lycée Jacques Monod, la situation a dégénéré : un abribus a été endommagé, des feux de poubelles ont été allumés et des jets de pierres ont visé les forces de l’ordre. Un brigadier-chef, âgé aujourd’hui de 57 ans, a alors fait usage de son LBD. Le projectile en caoutchouc a frappé Oumar, élève en classe de seconde, en pleine tête. Le jeune homme a été grièvement blessé, opéré, et s'est vu prescrire 93 jours d’arrêt de travail. L’enquête a établi qu’il ne faisait pas partie du groupe de manifestants qui lançaient des projectiles.
Un tir «nécessaire et proportionné» mais à la mauvaise distance
Le parquet d’Orléans avait initialement requis un non-lieu, mais en janvier 2025, le juge d’instruction a ordonné un procès pour "blessures involontaires". Le parquet a fait appel, et la chambre de l’instruction a confirmé la tenue d’un procès, tout en requalifiant les faits en "violences volontaires" commises par "une personne dépositaire de l’autorité publique".
Les experts techniques, ainsi que le rapport de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), ont estimé que le tir était "nécessaire et proportionné" compte tenu de la menace représentée par les jets de pierres. Toutefois, les magistrats instructeurs estiment que le tir ne respectait pas les règles d’emploi de cette arme : il a été effectué à une distance de 50 mètres, alors que la distance recommandée se situe entre 3 et 35 mètres. Le policier aurait visé le thorax, mais la balle a atteint la tête d’Oumar, avec un temps de visée estimé à seulement une seconde.
Pour Me Christophe Rouichi, l’avocat du jeune homme et de sa famille qui a été interrogé par nos confrères, "ce tir est, à minima, maladroit, et en réalité non-conforme".
Le policier a formé un pourvoi en cassation contre la décision de la chambre de l’instruction.