Le vendredi 23 février 2024 à 23:52 - MAJ samedi 24 février 2024 à 01:03
Le parquet général a décidé de faire appel de l'acquittement d'Alexandre B., le gendarme de l'antenne du GIGN de Reims ayant tué Henri Lenfant en septembre 2018, lors d'une opération à Fouquières-lès-Lens (Pas-de-Calais). Cette décision fait suite à un verdict rendu ce jeudi par la cour criminelle du Pas-de-Calais, qui avait jugé le militaire non coupable de "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner".
Le futur procès se déroulera devant la cour d'assises du Nord, avec la participation de trois magistrats professionnels et de six jurés populaires, une différence notable par rapport à la précédente instance qui ne comptait que des magistrats. La date de ce nouveau procès n'a pas encore été fixée.
La famille d'Henri Lenfant a exprimé son soulagement à l'annonce de cet appel, voyant dans cette décision une opportunité pour que l'affaire soit réexaminée. "Mes clients avaient la crainte que cette décision soit définitive", a déclaré leur avocat, maître Alban Deberdt, cité par France 3. Du côté de la défense, la réaction ne s'est pas faite attendre. L'avocat d'Alexandre B., maître Sébastien Busy, a exprimé sa déception : "On est forcément déçus de voir que le parquet s’arqueboute sur une position qui est la sienne".
«C'était lui ou moi»
Le drame s'est déroulé le 28 septembre 2018 lorsque les hommes de l'AGIGN sont intervenus pour appuyer les enquêteurs d'Arras, afin d'interpeller trois suspects dans une enquête pour des vols aggravés. Peu après 03h30 du matin, les militaires sont intervenus sur un parking de Fouquière-lès-Lens (Pas-de-Calais). L'un des suspects parvient à prendre la fuite, un second est interpellé alors qu'il s'enfuit et le troisième - Henri Lenfant -, un père de famille 22 ans, reste dans une voiture, assis au volant, refusant de sortir. Le gendarme Alexandre B., pénètre dans le véhicule du côte de la porte passager et tente de retirer la clef et de tirer le frein à main. Mais la BMW démarre soudainement. Le militaire, à genoux sur le siège, tente de stopper la voiture et décide d'ouvrir le feu pour neutraliser le suspect au volant. Le jeune homme a été mortellement touché à l'arrière du crâne.
Lors du procès initial, la légitime défense invoquée par Alexandre B. a été au cœur des débats. L'adjudant avait justifié son acte par la nécessité de se protéger, affirmant : "c’était lui ou moi". Toutefois, cette version des faits a été contestée par l'avocat général, qui a souligné le fait que Henri Lenfant n'était pas armé, remettant en question la nécessité d'utiliser une arme à feu dans cette situation. La cour criminelle, en acquittant Alexandre B., n'avait pas suivi les réquisitions de l'avocat général qui demandait une condamnation à deux ans de prison.