Poursuivis pour harcèlement moral sur un lieutenant qui s'est suicidé, deux gendarmes relaxés

Le lieutenant Grégory Girard avait mis fin à ses jours avec son arme de service en novembre 2013, dans son bureau de la gendarmerie de Saint-Amand-Montrond (Cher).
Poursuivis pour harcèlement moral sur un lieutenant qui s'est suicidé, deux gendarmes relaxés
Illustration. (Bertrand Guay/AFP)
Par Actu17
Le mardi 25 janvier 2022 à 16:28 - MAJ mardi 8 février 2022 à 18:07

Le tribunal judiciaire de Paris a relaxé mardi deux officiers de gendarmerie poursuivis pour harcèlement moral à l'encontre d'un lieutenant qui s'était donné la mort dans son bureau de leur brigade du Cher en 2013. "Les éléments constitutifs de l'infraction ne sont pas établis", a affirmé le président en rendant sa décision. Seul un des prévenus était présent mardi à l'audience. Ni la famille de la victime, ni leur avocat n'y assistaient.

Lors du procès en novembre, le parquet avait demandé la relaxe des deux prévenus, jugés en citation directe pour "harcèlement moral" et "non assistance à personne en péril".

La victime, le lieutenant Grégory Girard, 30 ans, s'était tué avec son arme de service le 1er novembre 2013 dans son bureau de la gendarmerie de Saint-Amand-Montrond (Cher) en laissant une lettre, lue à l'audience, où il mettait nommément en cause les capitaines Mickaël D. (aujourd'hui commandant) et Bruno G.

"On insulte mes gendarmes, et moi-même accessoirement"

Dans sa lettre, le lieutenant Girard, décrit par le tribunal comme "un intellectuel brillant" issu de l'université et féru d'histoire, se plaignait que ses deux supérieurs lui parlaient "comme à un demeuré incapable de faire la part des choses". "On insulte (par courriel ou à voix haute) mes gendarmes, et moi-même accessoirement", écrivait le lieutenant, apprécié de la plupart de ses hommes, selon des témoignages lus à l'audience.

Après sa mort, une enquête avait été ouverte par l'Inspection générale de la gendarmerie nationale, qui avait conclu que l'infraction de harcèlement moral n'était pas constituée. Saisi de l'affaire, le parquet de Bourges l'avait classée sans suite.

La famille du lieutenant s'était battue pour qu'une nouvelle instruction soit ouverte ailleurs que dans le Cher. "La gendarmerie a toujours voulu se protéger. L'institution de la gendarmerie avait reporté toutes les fautes sur mon frère (...) Son humanité, sa bienveillance, c'est peut-être ce qui n'a pas plu à ses deux supérieurs", avait affirmé sa sœur Valérie lors du procès.