Soupçons de prise illégale d'intérêts : un procès requis contre Éric Dupond-Moretti

Le ministre de la Justice est soupçonné d'avoir utilisé ses fonctions actuelles pour régler des comptes avec des magistrats.
Soupçons de prise illégale d'intérêts : un procès requis contre Éric Dupond-Moretti
Eric Dupond-Moretti à la sortie du conseil des ministres le 4 mai 2022. (Julien Mattia / Le Pictorium / Maxppp)
Par Actu17
Le mardi 10 mai 2022 à 17:22

Le procureur général près la Cour de cassation, François Molins, réclame un procès contre le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, devant la Cour de justice de la République, pour des faits de prise illégale d’intérêts, précisant dans un communiqué qu’il existe des "charges suffisantes" contre l'ancien avocat. Ce dernier est soupçonné d'avoir usé de sa fonction actuelle pour régler des comptes avec des magistrats. Dans cette enquête, le ministre, qui nie les faits, a été mis en examen en juillet 2021.

C'est d'abord le dossier dit des "fadettes" qui intéresse les magistrats. Éric Dupond-Moretti, alors qu'il était encore avocat, avait critiqué les méthodes du parquet national financier (PNF) visant l’avocat Thierry Herzog dans l’affaire "Bismuth", qui concerne également l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy. Les relevés téléphoniques de proches de Thierry Herzog avaient été récupérés par la justice, dont ceux d'Éric Dupond-Moretti. Ce dernier avait alors dénoncé des "méthodes de barbouzes" puis avait déposé plainte. Le ministre de la Justice a ordonné en septembre 2020 une enquête administrative contre trois magistrats du PNF.

Le second volet auquel s'intéressent les magistrats, concerne un policier monégasque soupçonné de corruption, qui était défendu par Eric Dupond-Moretti, alors avocat. Édouard Levrault, qui était alors juge d'instruction à Monaco, était chargé de ce dossier. Là aussi, Éric Dupond-Moretti s'était plaint des méthodes du juge qu'il avait qualifiées de "cow-boy". Une procédure administrative contre le juge Levrault a été lancée après la nomination d'Éric Dupond-Moretti comme garde des Sceaux.