Simon Fieschi, rescapé de l’attentat contre Charlie Hebdo en 2015, est mort

Simon Fieschi, ancien webmaster de Charlie Hebdo, grièvement blessé lors de l'attentat du 7 janvier 2015, est mort dans la nuit du 17 au 18 octobre 2024. Âgé de 41 ans, il était lourdement handicapé depuis l'attaque et père d'une petite fille. Sa mort suscite une vive émotion. Une enquête a été ouverte.
Simon Fieschi, rescapé de l’attentat contre Charlie Hebdo en 2015, est mort
Simon Fieschi en janvier 2021, dans l'émission "C à vous" sur France 5. (capture écran)
Par Actu17
Le samedi 19 octobre 2024 à 13:25 - MAJ samedi 19 octobre 2024 à 15:43

Simon Fieschi, gravement blessé lors de l'attentat du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo, est décédé dans la nuit du 17 au 18 octobre 2024, a fait savoir son entourage. Âgé de 41 ans, il était lourdement handicapé depuis les faits et père d'une petite fille. "Une enquête en recherche des causes de la mort a été ouverte à la suite de la découverte du corps de Simon Fieschi le 17 octobre", a indiqué le parquet, qui a précisé qu'"aucune hypothèse" ne pouvait être privilégiée à ce stade. "Une autopsie a été ordonnée, dont les conclusions n’ont pas permis de déterminer la cause du décès. Les investigations se poursuivent", ajoute la même source.

Le 7 janvier 2015, Simon Fieschi était le premier membre de la rédaction de Charlie Hebdo sur lequel les frères Kouachi ont tiré en entrant dans les locaux du journal. Une balle de Kalachnikov l'avait touché au cou, perforé son poumon et sa moelle épinière, avant de ressortir au niveau de l’omoplate. Un tir qui lui a laissé des séquelles irréversibles : paralysé pendant plusieurs mois, il avait ensuite pu remarcher avec une béquille, après d'intenses séances de rééducation. Lors du procès des attentats en 2020, il avait pris la parole, refusant de s’asseoir, affirmant qu'il voulait "témoigner debout". Il avait alors décrit son cheminement douloureux, marqué par des douleurs physiques intenses et la difficulté à accepter ses nouvelles limitations physiques, expliquant notamment avoir "perdu l'opposition du pouce" et ajoutant avec amertume : "Ça paraît idiot, mais je peux plus faire de doigt d’honneur, parfois ça me démange".

«Le temps aide, mais il n’efface pas le fait qu’on s’est fait massacrer à la mitraillette»

Son engagement auprès des victimes du terrorisme était également notable. Il s’était impliqué dans plusieurs procès liés aux attentats de janvier 2015, y compris celui du jihadiste Peter Cherif en 2023, durant lequel il était partie civile. Simon Fieschi participait également à des interventions en milieu scolaire pour sensibiliser les élèves au terrorisme. "Simon Fieschi était un de ceux qui allaient avec nous dans les écoles parler aux élèves, soutenir les professeurs", a réagi le président d'honneur de l'association 13onze15 Fraternité et Vérité.

Dans une déclaration faite en 2020 à France Inter, Simon Fieschi confiait : "Le temps aide, mais il n’efface pas le fait qu’on s’est fait massacrer à la mitraillette". Il avait par ailleurs rédigé un récit bouleversant dans les colonnes de Charlie Hebdo en 2020, décrivant sans fard son calvaire, aussi bien physique que psychologique : "J’ai découvert la sensation d’un os brisé, d’une chair blessée, d’un nerf qui crie". Il avait également partagé les pensées sombres qui l'avaient assailli lors de son hospitalisation, avouant : "J’ai compris que mourir était ma seule solution. Mais comment ? Impossible de me suicider, paralysé sur un lit de réanimation". Pourtant, il décrivait aussi un instinct de survie puissant : "Malgré mon désir conscient d’arrêter de vivre, je me souviendrai toujours de ma réaction animale, instinctive, de me cabrer de tout mon être contre la mort".

«Il y a des cicatrices que beaucoup ne voient plus mais qui ne se referment jamais»

Sa disparition a suscité de nombreuses réactions. L'ancien président de la République François Hollande lui a rendu hommage sur X : "Il y a des cicatrices que beaucoup ne voient plus mais qui ne se referment jamais. Je n’oublierai jamais Simon. J’adresse à sa famille mon affection".

Juliette Méadel, ancienne secrétaire d'État chargée de l’aide aux victimes, a exprimé sa tristesse et son sentiment d’impuissance sur X : "Quelle tristesse, sentiment d’impuissance, échec de l’aide aux victimes. Je pense à lui, à sa famille. La République doit lui rendre hommage". La porte-parole de la police nationale a également réagi : "Pensées à Simon Fieschi, à ses proches ainsi qu’à toutes les victimes du terrorisme. Actuelles et passées".

Un numéro spécial de Charlie Hebdo sera consacré à Simon Fieschi mercredi.