Le samedi 21 mars 2020 à 14:23
Le manque de masques de protection respiratoire est un sujet qui inquiète les professionnels de santé, mais également les sapeurs-pompiers et les forces de l'ordre. Ces derniers ont d'ailleurs reçu pour consignes de ne pas en porter alors que le stock réservé au ministère de l'Intérieur est faible.
Pourtant, la France avait 1,4 milliard de masques en stock en 2011, notamment de type FFP2, réservé au personnel soignant. Interrogé cette semaine, le ministre de la Santé Olivier Véran a indiqué qu'il y avait au total 150 millions de masques dans les stocks de l'État.
Pourquoi et dans quel contexte ces stocks de masques de protection ont-ils fondu ? Tout vient d'une décision prise en 2013. L'ancien ministre de la Santé qui préside actuellement le conseil régional des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, est revenu sur les faits qui ont conduit à cette réduction drastique des stocks.
"La doctrine sur les stocks a changé en 2013"
"Quand je quitte mes fonctions en 2012, il y a 1,4 milliard de masques : 600 millions de FFP2 et 800 millions de masques chirurgicaux. Dès 2007, j’avais fait inscrire dans les textes que le ministre de la Santé chaque année devait prévoir le nombre de masques nécessaire pour, soit renouveler, soit compléter le stock", a-t-il expliqué au journal Le Figaro ce vendredi. Puis la situation a évolué en 2013. "En 2012, le stock d’État comptait 1,4 milliard de masques. La doctrine sur les stocks a changé en 2013 à l'initiative du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN)", a détaillé Xavier Bertrand au Parisien. Le SGDSN est un service qui dépend de Matignon, où Jean-Marc Ayrault (PS) venait de prendre ses fonctions.
Une note interne datée du 27 juillet 2011 et signée du directeur général de la Santé que le quotidien francilien a consultée, montre qu'il était recommandé pour l'année 2012 de ne pas renouveler le stock d’État, jugé suffisant. A ce moment-là, 600 millions de masques FFP2 et 800 millions de masques chirurgicaux étaient présents. Le directeur général de la Santé de l'époque avait toutefois recommandé de renouveler les stocks par tiers chaque année par exemple.
Une note qui a tout changé
Une nouvelle note publiée le 16 mai 2013 par le SGDSN a alors ordonné un changement radical dans la façon de faire. "La protection des travailleurs relève de la responsabilité des seuls employeurs, publics ou privés", était-il indiqué relate le journal. L'État n'était donc à partir de là plus le seul responsable sur ce sujet.
Dans cette même note, l'aspect financier des masques est également évoqué. Il est indiqué qu'un "masque chirurgical coûte environ dix fois moins cher qu'un masque FFP2". En outre, le stockage des masques chirurgicaux y est jugé "largement moins volumineux et donc moins coûteux que celui des masques FFP2". L'État n'a donc très vraisemblablement pas renouvelé son stock de masques pour des questions budgétaires.