Le vendredi 27 mars 2020 à 18:03
La situation au sein des prisons françaises est de plus en plus tendue, autant du côté des détenus, que du côté du personnel, en raison de la crise causée par le Covid-19.
Cet événement, qui s'est déroulé au centre pénitentiaire de Gradignan (Gironde) ce mercredi, en est un exemple. Un surveillant pénitentiaire s'est présenté sur son lieu de travail avec un masque chirurgical sur le visage.
Sa direction lui a demandé de le retirer, mais le fonctionnaire a refusé. Il a donc été renvoyé chez lui, rapporte Sud Ouest. Le surveillant pénitentiaire, Ronan R., également représentant syndical Ufap-Unsa, s'est dit scandalisé par cette décision. La pénurie de masques commence à créer des tensions dans le milieu carcéral, selon lui.
« La peur monte chez les agents, mais aussi chez les détenus »
Tout comme ceux de la police nationale, des syndicats de l'administration pénitentiaire demandent que tous les agents en soient équipés « afin de les protéger mais aussi de protéger les détenus », témoigne le syndicaliste.
Il explique que lui et ses collègues sont les dernières personnes qui font le lien entre les détenus et l'extérieur, faisant d'eux les possibles vecteurs de la maladie à l'intérieur des prisons. L'homme dénonce aussi le fait que les stocks de masques FFP2, qui avaient été constitués en 2009 contre la grippe H1N1, soient interdits d'utilisation par l'administration.
« Et maintenant, on nous interdit même de venir avec nos propres masques », déplore-t-il, avant de confier au quotidien régional que « la peur monte chez les agents, mais aussi chez les détenus ». Le syndicaliste n'hésite d'ailleurs pas à faire le lien entre ce sentiment de peur et la mutinerie particulièrement grave qui a eu lieu dimanche à Uzerche.
Un vieux stock de masques
La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a indiqué jeudi matin sur France Inter que « des masques arrivent pour les surveillants. 116 000 sont livrés dans les directions interrégionales et il existe la possibilité d’avoir accès à 100 000 autres ».
La direction interrégionale de Bordeaux, pour sa part, en a reçu très récemment 6 000. Un stock que devra se partager la vingtaine d’établissements pénitentiaires qu’elle gère. Compte tenu de cette faible quantité, ils seront accessibles uniquement aux personnels en contact direct avec des détenus testés positifs au Covid-19.
Le directeur interrégional a confirmé qu'il disposait de 8 000 masques d'un vieux stock. Il a précisé être en relation avec l'Agence Régionale de Santé (ARS) car ils intéressent également les soignants qui sont en première ligne, « et nous devons être solidaires » a-t-il déclaré. D'autre part, ces vieux masques doivent être testés pour savoir s'ils sont encore valables.
« Pas une sanction » pour le surveillant renvoyé chez lui
Interrogé par Sud Ouest quant au refus de laisser exercer le surveillant pénitentiaire avec son masque, le directeur interrégional dit « assumer » sa décision. Il précise que cela n'est pas une sanction, mais « une mesure prise après le constat que cet agent perdait ses moyens et n’était pas en capacité de prendre son poste ».
Cinquante personnels de l’administration pénitentiaire et 21 détenus sont positifs au Covid-19, a indiqué ce vendredi la Direction de l’administration pénitentiaire (DAP). Plusieurs centaines de prisonniers ont été placés en confinement sanitaire.