Le mardi 4 janvier 2022 à 00:59
Dix braqueurs présumés doivent être jugés à Paris à partir de mardi pour avoir participé, à des degrés divers, aux vols commis le 11 décembre 2015 chez le célèbre joaillier Chopard de la place Vendôme à Paris, puis, le 19 mai 2016, dans la boutique Chanel de la très chic avenue Montaigne.
Le procès qui s'était initialement ouvert le 6 octobre 2020 avait été renvoyé après la contamination au Covid-19 d'un des accusés. Les dix hommes ont été mis en examen pour vol en bande organisée avec armes, association de malfaiteurs et recel de vol en bande organisée.
Le premier braquage avait eu lieu en décembre 2015, quelques semaines après les attentats du 13-Novembre et en plein état d'urgence, dans une boutique Chopard située à deux pas de l’Élysée. Un malfaiteur, porteur d'un masque en latex et exhibant une arme de poing, s'était présenté à la boutique et s'était fait ouvrir les vitrines par deux employées après les avoir menacées. Il avait dérobé des montres et bijoux d'une valeur d'environ un million d'euros, selon l'accusation. L'homme était reparti à pied avant de rejoindre l'une des trois voitures garées à proximité par des complices.
Le second braquage s'est déroulé en mai 2016. Au moins sept hommes armés avaient fait irruption dans la boutique Chanel Joaillerie de l'avenue Montaigne à Paris, raflant pour environ deux millions d'euros de bijoux et de montres après avoir violemment maîtrisé trois vigiles et deux vendeuses. Les malfaiteurs avaient brisé les vitrines blindées avec une masse avant de prendre la fuite en moto et en voiture. Selon les enquêteurs, ces deux braquages ont été "vraisemblablement" commis par la même équipe. Les montres et bijoux volés n'ont jamais été retrouvés.
Des amis d'enfance
Âgés aujourd'hui de 28 à 41 ans, les dix accusés sont, pour certains, des amis d'enfance ou ont des liens de parenté. Selon l'accusation, au moins trois d'entre eux sont impliqués par ailleurs dans le vol, commis entre janvier et mai 2016, de cinq luxueux 4x4 Range-Rover. Ces véhicules étaient revendus le plus souvent contre 5.000 euros en liquide.
L'enquête a également permis de découvrir en mai 2016 un stock d'armes et d'explosifs cachés dans une voiture remisée dans la cour de l'habitation d'une vieille dame au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis). Cette femme avait accepté "de rendre service" dans l'ignorance totale de ce qu'abritait le véhicule BMW.
Les enquêteurs de la Brigade de répression du banditisme (BRB) avaient notamment trouvé deux kilos d'explosifs, deux fusils d'assaut automatique de type kalachnikov, des cartouches (cachées dans des boîtes de type Tupperware) et une grenade défensive. Les empreintes génétiques de deux des accusés ont été retrouvées sur ces armes.
Un véhicule banalisé de la Brink's dérobé avec plus de 20 000 euros
Une partie des accusés est également soupçonnée d'être à l'origine du vol, en juin 2016 à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), d'un véhicule banalisé de la société de convoyage de fonds Brink's. Ce véhicule, discrètement suivi avant son vol par une voiture blanche aux vitres teintées, contenait notamment une mallette remplie de 20.500 euros en petites coupures. Le véhicule de la Brink's avait été retrouvé abandonné et vide de tout contenu à 400 mètres du lieu du vol.
Les enquêteurs ont découvert que le véhicule qui suivait la voiture de la Brink's était similaire à celui utilisé pour commettre le vol de la bijouterie Chopard. Surtout, la sonorisation d'un véhicule d'un des suspect des vols des bijouteries par la BRB avait permis d'apprendre qu'un projet criminel était en phase avancée. Le suspect détaillait par le menu le mode opératoire du vol de la voiture de la Brink's tel qu'il devait se produire quatre jours plus tard. Une partie du contenu de la mallette a été retrouvée ultérieurement lors de la perquisition du domicile de deux des accusés.
Le procès des dix braqueurs présumés est prévu jusqu'au 21 janvier.