Adolescent poignardé à mort à Paris : l'enquête requalifiée en «assassinat», ce que l'on sait

Un adolescent de 16 ans originaire du Val-de-Marne a été poignardé à mort ce mardi matin près du collège-lycée Rodin, dans le XIIIe arrondissement de Paris. Plusieurs suspects sont en fuite. L'enquête, initialement ouverte pour meurtre, a été requalifiée en assassinat, et un suspect a été interpellé.
Adolescent poignardé à mort à Paris : l'enquête requalifiée en «assassinat», ce que l'on sait
Illustration. (Shutterstock)
Par Actu17
Le mardi 17 décembre 2024 à 23:53 - MAJ mercredi 18 décembre 2024 à 00:40

Un adolescent âgé de 16 ans a été poignardé à mort à proximité du collège-lycée Rodin, dans le XIIIe arrondissement de Paris, ce mardi matin. Huit suspects ont pris la fuite après cette agression mortelle, selon les premiers éléments de l'enquête. Le parquet de Paris a annoncé que l'enquête, ouverte initialement du chef de meurtre, a été requalifiée du chef d'assassinat, c'est-à-dire meurtre avec préméditation.

Rapidement sur les lieux, les policiers ont interpellé un suspect, né en 2008 comme la victime. Ce dernier aurait été placé en garde à vue. "Il est trop tôt pour affirmer si la personne interpellée sur place a été directement impliquée dans ce décès", a souligné le parquet en fin d'après-midi.

Un couteau d'une vingtaine de centimètres découvert

Les faits se sont produits vers 8 heures devant cet établissement scolaire. Ce sont huit personnes au total qui auraient agressé l'adolescent, qui a reçu un coup de couteau au niveau du flanc avant de tenter de fuir et de s'effondrer. Des passants lui ont apporté les premiers soins jusqu'à l'arrivée des secours. Les sapeurs-pompiers et les médecins du SMUR l'ont pris en charge, et il a été transporté en urgence absolue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, situé dans le même arrondissement. Malgré les efforts des médecins, l'adolescent a été déclaré mort à 09h15.

Selon des témoignages, les agresseurs ont utilisé du gaz lacrymogène dans leur fuite à l'encontre des passants, certainement pour éviter qu'ils soient poursuivis ou filmés. Les policiers ont gelé la scène de crime et ont procédé à des constatations. Ils ont découvert un couteau d'une vingtaine de centimètres, qui serait l'arme du crime, au niveau d'une clôture dans la cour intérieure du lycée. Les agresseurs s'en seraient débarrassés dans leur fuite.

L'adolescent avait été blessé à l'arme blanche une semaine plus tôt

La victime n'était pas scolarisée au collège-lycée Rodin. Domiciliée à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), elle était scolarisée à Alfortville. Pour l'heure, on ignore pour quelle raison l'adolescent se trouvait à proximité de cet établissement scolaire du XIIIe arrondissement ce mardi matin. Le mineur avait déjà été blessé par arme blanche le 10 décembre dernier à proximité du lycée René-Cassin dans le XVIe arrondissement, a indiqué le parquet de Paris ce mardi soir. "Le parquet de Paris avait confié au commissariat du XVIe arrondissement une enquête pour violences volontaires en réunion aux abords d’un établissement scolaire. Des riverains avaient fait appel à la police, ayant assisté à une bagarre, au cours de laquelle un coup de couteau aurait été porté. La victime avait quitté les lieux accompagnée d’un autre garçon. Tous deux avaient été retrouvés plus loin, et avaient nié toute présence aux abords de l’établissement et toute bagarre, bien que l’un d’eux était blessé à la jambe. Les investigations se poursuivent", précise la même source.

Dans la matinée, le parquet de Paris a également livré des précisions sur le contexte de cette agression mortelle. "Ce meurtre s’inscrit dans la continuité d’un phénomène de rixes entre jeunes récurrentes sur le secteur du XIIIe arrondissement, où huit affrontements ont été constatés depuis le mois de mai 2024", a-t-on expliqué. "Ce phénomène fait l’objet d’une attention resserrée de GLTD spécifiques (Groupements locaux de de traitement de la délinquance), réunissant le parquet de Paris, la préfecture de police, la préfecture de région, la ville de paris, l’Éducation nationale et la protection judiciaire de la jeunesse, afin que les signes précurseurs soient détectés au plus tôt, communiqués aux autres acteurs, et déclenchent des patrouilles préventives au plus près des lieux d’inquiétude".

Dans cette enquête pour assassinat, les investigations ont été confiées aux policiers de la sûreté territoriale parisienne (ST 75).

«Notre pays ne sait pas endiguer ce retour de la violence chez les plus jeunes»

"Quotidiennement, des ados sont cibles d’homicides ou tentatives (souvent pour le trafic de drogues) par d’autres ados ou très jeunes adultes. Des crimes que la presse ne raconte plus tellement cela est banal", réagit Linda Kebbab, secrétaire nationale du syndicat de police Un1té, sur le réseau social X. "Notre pays, pourtant pacifié depuis X générations, ne sait pas endiguer ce retour de la violence chez les plus jeunes".

"Encore un drame insoutenable : un adolescent tué près du lycée Rodin à Paris. Combien de vies faudra-t-il sacrifier avant que des actions fermes soient prises contre l’ultra violence qui touche particulièrement les plus jeunes ?", s'interroge le syndicat Alliance Police Nationale, sur le même réseau social.

«Une réponse globale est indispensable», estime l'UNSA Police

"Cet événement tragique nous rappelle une fois de plus la gravité des rixes entre jeunes, un phénomène malheureusement en hausse dans certaines zones urbaines", réagit Loïc Walder, délégué national du syndicat UNSA Police, à Actu17. "Ces affrontements, souvent déclenchés de manière spontanée, sont particulièrement difficiles à anticiper en raison de leur instantanéité et de l’utilisation croissante des réseaux sociaux. L’UNSA Police rappelle que face à ces phénomènes complexes et évolutifs, une réponse globale, impliquant l’ensemble des acteurs – forces de l’ordre, parents, éducateurs, et institutions – est indispensable pour endiguer cette violence".