Adolescent tué à Nanterre : le policier déféré, son placement en détention provisoire requis

Le policier qui a ouvert le feu mardi à Nanterre, tuant un adolescent de 17 ans au volant qui refusait d'obtempérer, a été déféré en vue de sa mise en examen ce jeudi. Son placement en détention provisoire a été requis. Le point sur les déclarations du procureur de la République.
Adolescent tué à Nanterre : le policier déféré, son placement en détention provisoire requis
La voiture du chauffard a terminé sa course dans un poteau à quelques dizaines de mètres du lieu du tir. (Clément Lanot / CL Press)
Par Actu17
Le jeudi 29 juin 2023 à 11:28 - MAJ jeudi 29 juin 2023 à 12:15

Le procureur de la République de Nanterre, Pascal Prache, a annoncé dans une conférence de presse ce jeudi matin que le policier de 38 ans, qui a ouvert le feu à Nanterre mardi, a été déféré, en vue de sa mise en examen. Son placement en détention provisoire a été requis.

"En l’état des investigations et des éléments recueillis, le parquet considère que les conditions légales d’usage de l’arme ne sont pas réunies", a expliqué le magistrat. Une information judiciaire va être ouverte.

L'adolescent au volant a mis «en danger un piéton et un cycliste» dans sa fuite

Le procureur de la République a donné de nouveaux éléments sur le déroulement des faits, concernant cette intervention qui a conduit au décès de Nahel M., 17 ans, qui conduisait une Mercedes Classe A AMG, immatriculée en Pologne. Les deux policiers à moto de la direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC) ont repéré cet automobiliste vers 07h55, alors que ce dernier circulait "à vive allure" dans une voie de bus. Les fonctionnaires décident de procéder au contrôle du conducteur - alors que "le jeune âge des trois occupants" est "apparent" - et se placent à hauteur de la voiture "arrêtée à un feu rouge", après avoir allumé leur gyrophare et leur sirène deux-tons.

Le conducteur redémarre et "grille le feu rouge" indique Pascal Prache. Les policiers suivent le chauffard sur plusieurs axes, et activent de nouveau leur gyrophare et leur sirène, demandant du renfort, "à 08h16". Selon les éléments recueillis par les images de vidéoprotection notamment, le chauffard commet plusieurs infractions routières, "mettant en danger un piéton et un cycliste". Le fuyard est "contraint de s'arrêter dans un embouteillage".

Les deux policiers "mettent pied à terre". Ils expliquent "avoir crié" au conducteur de couper le contact et d'avoir sorti leur arme en la pointant sur l'homme au volant "pour le dissuader de redémarrer". Le conducteur a alors redémarré, et l'un des policiers a ouvert le feu une fois. La Mercedes a terminé sa course en s'encastrant dans du mobilier urbain, "à 08h19". Le passager arrière a été interpellé, celui qui était assis à l'avant a pris la fuite. Ce dernier est toujours recherché.

Le policier auteur du tir a alors apporté "les premiers secours" à l'adolescent grièvement blessé par balle, qui est décédé peu après, malgré les efforts des secouristes. Le fonctionnaire auteur du tir a été conduit à l'hôpital avant d'être placé en garde à vue, dans les locaux de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).

Nahel M. était connu de la justice pour refus d'obtempérer. Il avait été présenté - pour ces faits - au parquet des mineurs le dimanche 25 juin et s'était vu remettre une convocation devant le tribunal pour enfants, pour être jugé en septembre prochain. Selon des sources policières, confirmant une information d'Europe 1, l'adolescent était connu pour une quinzaine de faits au fichier de traitement des antécédents judiciaires (TAJ).

L'autopsie a montré que la balle a traversé son bras gauche avant de traverser son thorax, entraînant son décès. En outre, aucun objet dangereux ou de produits stupéfiants n'ont été découverts dans la Mercedes.

Le policier a expliqué les raisons de son tir

Durant ses auditions, le policier de 38 ans - dont les états de service sont irréprochables -, a "expliqué son geste" pour "éviter une nouvelle fuite du véhicule", devant la "dangerosité du comportement routier" du conducteur et la "peur qu'il renverse quelqu'un", mais également par la "crainte d'être percuté" ou de "voir son collègue blessé par le mouvement du véhicule". Les deux policiers ont précisé durant leurs interrogatoires s'être "sentis menacés", lorsque le conducteur a redémarré, notamment à cause du fait qu'il y avait un mur "dans leur dos". Concernant les propos tenus par les policiers au cours de l'intervention (audibles sur l'une des vidéos amateurs diffusée sur les réseaux sociaux, ndlr), l'un des fonctionnaires en a reconnu une partie.

Deux magistrats instructeurs ont été co-saisis dans ce dossier. Le policier est actuellement présenté devant eux. Son placement en détention provisoire a été requis "pour préserver les investigations" a notamment indiqué le procureur de la République.

"Concernant les évènements de la nuit dernière, plusieurs dégradations de biens d’utilité publics ont été commises (…). Le parquet est totalement mobilisé sur cette crise depuis son origine", a précisé Pascal Prache.