Le mardi 24 janvier 2023 à 00:06
Il aurait contribué, sans le savoir, à un assassinat. Un policier de la DGSI a été mis en examen le 9 décembre à Paris, soupçonné d'avoir délivré à une officine criminelle des informations ayant permis l'assassinat fin 2018 d'un pilote de rallye, Laurent Pasquali, a appris lundi l'AFP de source proche du dossier, confirmant une information de RTL. Cet officier du renseignement intérieur depuis 2011, ancien agent de la DGSE (renseignements extérieurs), a été mis en examen pour "association de malfaiteurs" délictuelle et criminelle.
Dans le premier cas, ce brigadier de 49 ans est suspecté d'avoir effectué des surveillances et des photographies en 2014, contre la somme de 1000 euros, du maire UMP de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), Sylvain Berrios, qui a fait l'objet in fine d'un projet d'assassinat. Dans le second, il est mis en cause, selon deux sources proches du dossier, pour avoir consulté des fichiers de police et fait quelques déplacements afin de fournir à la cellule criminelle l'adresse privée de M. Pasquali, sans savoir que cela déboucherait sur un assassinat. Il aurait perçu pour cela "entre 200 et 300 euros" qu'il aurait partagés avec une autre fonctionnaire de police, selon l'une de ces sources.
Le policier a été placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction d'exercer, selon une source proche du dossier. Sollicité, son avocat Me Julien Fresnault n'a pas souhaité commenter auprès de l'AFP.
«Je ne voulais pas que quoi que ce soit comme ça arrive»
L'assassinat de ce pilote de rallye est à ce stade le principal crime attribué à cette cellule, également suspectée de projets criminels visant un syndicaliste de la CGT à Bourg-en-Bresse (Ain), un opposant congolais au président Sassou Nguesso, Ferdinand Mbaou, etc. La mère de M. Pasquali avait signalé sa disparition le 2 décembre 2018. Le 1er septembre 2019, ses ossements avaient été découverts par un promeneur dans un bois de Haute-Loire. Un couple dans le milieu automobile, créancier de Laurent Pasquali, est soupçonné d'avoir missionné la cellule à son sujet, mais a contesté avoir demandé son assassinat.
Dans un rapport, la Brigade criminelle considère que le policier a été rémunéré par l'un des protagonistes du dossier "pour plusieurs enquêtes d'ordre privé".
Sur l'assassinat de M. Pasquali, "évidemment, je ne voulais pas que quoi que ce soit comme ça arrive", a déclaré le policier devant la juge d'instruction chargée de ce dossier tentaculaire, selon des éléments dont l'AFP a eu connaissance. "J'ai essayé de coopérer du mieux que j'ai pu avec les enquêteurs, même si ça n'a pas été toujours très précis. J'assume la responsabilité de ce que l'on me reprochera", a ajouté le fonctionnaire de police.