Attaque au couteau à Bordeaux : l'assaillant a reproché aux victimes de boire «alors que c'était l'aïd»

La piste terroriste n'est pas privilégiée dans l'enquête sur l'attaque au couteau à Bordeaux (Gironde), qui a fait un mort et un blessé grave. L'assaillant aurait été identifié : il serait un demandeur d'asile afghan de 25 ans. Le point sur l'enquête.
Attaque au couteau à Bordeaux : l'assaillant a reproché aux victimes de boire «alors que c'était l'aïd»
L'assaillant a été abattu par un policier de la compagnie départementale d'intervention (CDI). (capture écran / DR)
Par Actu17
Le jeudi 11 avril 2024 à 18:02 - MAJ jeudi 11 avril 2024 à 19:02

La procureure de la République de Bordeaux, Frédérique Porterie, a donné de nouveaux éléments ce jeudi en fin d'après-midi, durant une conférence de presse, au sujet de l'attaque au couteau survenue ce mercredi soir. "Aucun élément ne permet de rapprocher cette attaque d'un motif terroriste", a-t-elle indiqué, ajoutant que l'agresseur avait d'abord pris à partie les deux victimes au sujet de l'alcool qu'elles consommaient, leur reprochant de boire "alors que c'était l'aïd".

L'assaillant serait un Afghan de 25 ans, demandeur d'asile, a annoncé la procureure, qui a insisté sur le fait que des vérifications étaient toujours en cours concernant son identité. L'homme a été identifié par l'intermédiaire du fichier Eurodac, une base de données européenne. Il était armé d'un couteau de chasse au moment des faits, et a été mortellement neutralisé par balles, par un policier de la compagnie départementale d'intervention (CDI).

Il revient et les poignarde

Les deux victimes de nationalité algérienne, âgées de 28 et 37 ans, sont originaires de la même commune en Algérie. Les deux hommes étaient en train de boire de l'alcool sur les pelouses, sur les quais, à proximité du Miroir-d'eau. Vers 19h30, le suspect s'est adressé à eux en leur reprochant leur consommation d'alcool. Les deux amis lui ont répondu que ça ne "regardait pas". Le ton est monté et l'agresseur, vêtu d'une djellaba, a porté des coups de poing aux deux hommes puis a pris la fuite. Les deux amis se sont relevés et lui ont "lancé des canettes". L'assaillant est revenu vers eu puis les a poignardé.

Rachid Bouach, 37 ans, a été tué de neuf coups de couteau, a précisé la procureure. La victime était en situation irrégulière en France et vendait des cigarettes à la sauvette, rapporte Sud Ouest. Rachid s'était installé en ville depuis "trois ou quatre ans", après avoir traversé la Méditerranée avec des passeurs. La seconde victime, Saleh Kharat, a été grièvement blessée et transportée à l'hôpital alors que son pronostic vital était engagé. Ses jours ne sont aujourd'hui plus en danger. Cet homme de 28 ans a pu être interrogé par les enquêteurs, avec l'aide d'un interprète.

«Il changeait brutalement de direction, bras en avant, couteau à la main»

L'agresseur prend la fuite mais un témoin appelle la police et le suit. Un équipage de la CDI, qui revenait "d'une mission de sécurisation", se trouve non loin et se rapproche pour intercepter le suspect. Dans les minutes suivantes, l'homme est localisé. Il fait face aux forces de l'ordre et refuse de lâcher son couteau. "Il changeait brutalement de direction, bras en avant, couteau à la main", décrit la magistrate. L'un des policiers, équipé d'un fusil d'assaut de type HK G36, ouvre le feu pour neutraliser l'assaillant qui avance vers lui, le blessant mortellement. Les policiers ont apporté les premiers secours au suspect, qui est décédé sur les lieux à 20h10, malgré l'arrivée rapide des secours.

Une altercation avec deux autres personnes avant l'attaque

La procureure de la République a précisé que la thèse de la légitime défense semblait se dessiner, au vu des premiers éléments et notamment des auditions de premiers témoins. L'enquête confiée à l'inspection générale de la police nationale (IGPN) se poursuit néanmoins.

Interrogée par les policiers, la victime hospitalisée, qui a subi trois plaies par arme blanche, dont deux perforantes, a déclaré ne pas connaître son agresseur. En outre, la magistrate a précisé que l'assaillant avait également eu, peu avant l'attaque, une altercation avec deux autres personnes qui buvaient du rosé, pour les mêmes motifs, avant de poursuivre son chemin. A ce stade des investigations, le parquet national antiterroriste (PNAT) reste "en observation".