Le jeudi 28 novembre 2024 à 12:03
Un homme d’une soixantaine d’années a été placé en garde à vue ce lundi 25 novembre par les gendarmes de la section de recherches (SR) de Grenoble (Isère). Il est soupçonné d’être impliqué dans deux affaires criminelles non élucidées depuis plusieurs décennies : le meurtre de Leila Afif, une femme de 40 ans retrouvée tuée par balles en mai 2000 à La Verpillière (Isère), et celui de Nathalie Boyer, une adolescente de 15 ans retrouvée égorgée en août 1988 à Saint-Quentin-Fallavier (Isère), indique une source judiciaire, confirmant une information de RTL. Ces deux communes, situées dans le même secteur géographique, sont au cœur d’un dossier relancé par le pôle "cold-cases" de Nanterre.
L’identification du suspect a été rendue possible grâce à l’exploitation récente d’éléments génétiques retrouvés sur les scellés du dossier Leila Afif. "Le travail de la SR de Grenoble a permis de faire le rapprochement" entre cette affaire et celle de Nathalie Boyer, a déclaré Me Corinne Herrmann, avocate de la famille Boyer. Bien qu’aucun ADN n’ait été retrouvé dans le dossier concernant Nathalie Boyer, d'autres éléments probants permettraient de relier l’homme aux deux meurtres.
La garde à vue du suspect, qui pourrait durer jusqu’à 96 heures en raison du caractère complexe et potentiellement sériel des faits, vise à vérifier son implication dans ces deux affaires distinctes.
Le poids des années et des familles en quête de justice
Nathalie Boyer, hébergée en foyer et de retour dans sa famille pour les vacances, avait disparu le 3 août 1988 après être sortie en fin d’après-midi. Son corps sans vie avait été découvert le lendemain par un cheminot à proximité d’une voie ferrée. L’autopsie avait révélé qu’elle avait été égorgée, sans avoir subi de violences sexuelles. L’affaire, faute de pistes solides, avait été mise de côté malgré les démarches répétées de ses proches pour obtenir une réouverture du dossier.
Leila Afif, mère de famille, avait pour sa part disparu le 7 mai 2000 après s’être rendue à Saint-Quentin-Fallavier pour inscrire un de ses fils à une formation. Son corps avait été retrouvé cinq jours plus tard dans un canal. Là encore, l’enquête initiale n’avait pas abouti.
Les «disparus de l’Isère»
Ces deux affaires font partie des crimes liés au dossier des "disparus de l’Isère", une série de neuf disparitions ou meurtres d’enfants et de jeunes adultes survenus dans le département entre 1983 et 1996. L’identification récente d’un suspect dans ces deux affaires relance l’espoir pour d’autres familles en quête de réponses. "L’identification d’un suspect est un espoir pour toutes les autres affaires de l’Isère", a estimé Me Herrmann.
Le dossier, désormais instruit par le pôle spécialisé dans les affaires non élucidées de Nanterre, témoigne de l’importance des nouvelles techniques d’analyse ADN.