Le samedi 24 février 2024 à 20:49
Le gendarme placé en garde à vue à la suite d'un tir mortel lors de l'interpellation d'un suspect à son domicile ce jeudi, à Poggio d'Oletta (Haute-Corse), a été mis en examen ce samedi à Bastia pour homicide volontaire, avant d'être placé en détention provisoire, a annoncé le parquet de Bastia.
Il était 6 heures lorsque les gendarmes sont intervenus, dans le cadre d'une opération, dans ce village situé à 20 km au sud de Bastia, "sur commission rogatoire d'un juge d'instruction (..) d'Ajaccio des chefs de recel de vol, d'association de malfaiteurs et de vols en bande organisée", avait indiqué ce jour-là le procureur de la République de Bastia, Jean-Philippe Navarre.
"L'une des personnes visées dans le cadre de l'enquête", qui était "par ailleurs défavorablement connue des autorités judiciaires" a été mortellement "blessée par balles", selon la même source, qui ajoutait que cette opération avait pour objectif "l'interpellation de plusieurs personnes dans les départements de Corse-du-Sud et de Haute-Corse".
Le militaire à l'origine du tir avait alors été placé en garde à vue du chef "d'homicide volontaire par personne dépositaire de l’autorité publique". La "victime n'était pas armée au moment des faits, malgré la présence d'armes au sein de son domicile", a souligné le magistrat dans ce second communiqué samedi, soulignant que l'autopsie avait révélé "la présence de trois plaies dont l'une, en région thoracique, à l'origine de lésions internes mortelles".
«Un geste involontaire»
L'examen médical, la découverte de trois projectiles et l'analyse des caméras embarquées par les gendarmes suggèrent "l'existence d'un tir unique, réalisé à l'aide d'un pistolet mitrailleur, dont le sélecteur apparaissait avoir été positionné en mode rafale libre", détaille le procureur, alors que "la doctrine d'emploi de cet armement" prescrit habituellement "le recours au coup par coup". Le gendarme en cause n'aurait "pas su s'expliquer sur les circonstances de son tir", ajoute Jean-Philippe Navarre. Il a déclaré "ne pas avoir le souvenir d'avoir appuyé sur la détente de son arme arguant donc d'un geste involontaire".
L'avocat du gendarme, Me Laurent-Franck Lienard, a annoncé avoir fait appel du placement en détention provisoire.
La victime, déjà condamnée à plusieurs reprises, était membre du "cercle familial" des frères Richard et Christophe Guazzelli qui vont être jugés à partir de mai prochain à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) pour le double assassinat de Jean-Luc Codaccioni et Tony Quilichini en décembre 2017, à l'aéroport de Bastia-Poretta.