Fusillade mortelle entre un chauffard et la police à Grenoble : ce que l'on sait

Le chauffard, Ouania K., bien connu de la police et la justice, a ouvert le feu sur les policiers et leur aurait foncé dessus. Il a également percuté plusieurs véhicules de police. Les policiers ont utilisé leurs armes à feu pour riposter. Une jeune femme, passagère dans la voiture du suspect, a été tuée par balle. Le point sur l'enquête.
Fusillade mortelle entre un chauffard et la police à Grenoble : ce que l'on sait
La Renault Mégane du fuyard lors des constatations des policiers de la PJ et de l'IGPN. (Denis Masliah / PhotoPQR / Maxppp)
Par Stéphane Cazaux
Le mercredi 5 octobre 2022 à 17:47 - MAJ jeudi 6 octobre 2022 à 11:52

Un homme âgé de 30 ans s'est lancé dans une course-poursuite avec la police dans la nuit de mardi à mercredi, dans la banlieue de Grenoble (Isère). Dans sa fuite qui a duré de longues minutes, il a ouvert le feu à plusieurs reprises sur les forces de l'ordre. Il aurait ensuite foncé plusieurs fois sur les fonctionnaires, qui ont riposté. Sa passagère a été mortellement blessée. Le chauffard a été interpellé et placé en garde à vue. Les trois policiers du même équipage, qui ont ouvert le feu lors de cette intervention, ont eux aussi été placés en garde à vue.

Cette affaire débute vers 02h20, sur la commune de Saint-Martin-d’Hères, lorsqu'un équipage de police-secours ordonne au conducteur d'une Renault Mégane de s'arrêter pour un contrôle, suite à une infraction routière. L'automobiliste refuse et accélère. Il s'engage dans la rue Jules-Flandrin, ouvre sa fenêtre et tire à "trois ou quatre reprises" sur le véhicule des policiers avec une arme de poing indique une source proche de l'enquête. Des impacts auraient été relevés sur le véhicule des forces de l'ordre lors des constatations.

Le fuyard fonce ensuite vers le boulevard Maréchal-Leclerc, là où se trouve l'hôtel de Police de Grenoble. L'alerte a déjà été donnée sur les ondes police et des policiers placent un stop-stick (une herse, ndlr), devant le commissariat au moment où la Mégane passe. Sans réussite.

Le chauffard poursuit sa course à pleine vitesse vers le centre-ville et la gare. Il roule vers le nord et prend la rue Henri-Tarze où il se retrouve bloqué dans une voie sans issue. "Les policiers sont descendus de leur voiture pour aller l'interpeller, mais le chauffard a fait demi-tour et leur a foncé dessus", décrit cette même source. Les trois fonctionnaires ouvrent le feu pour stopper le suspect. Mais l'homme poursuit sa route et retourne vers la gare. "Il a percuté un autre véhicule de police et a roulé sur un stop-stick", précise-t-on.

Il tente de fuir à pied après avoir percuté une voiture de police

Le chauffard parcourt plusieurs kilomètres et arrive sur le cour de la Libération et du Général de Gaulle. Il poursuit sa route vers le sud et aurait exhibé son arme de poing, manifestement pour dissuader les policiers de le poursuivre. L'homme percute une nouvelle fois un véhicule de police, entraînant un tir de riposte d'un des fonctionnaires. Cette fois, la Mégane s'arrête et le chauffard prend la fuite en courant avant d'être rapidement rattrapé et interpellé par les policiers de la compagnie départementale d'intervention (CDI). Le suspect s'est rebellé et a blessé légèrement deux agents.

Sa passagère, touchée par au moins un tir au niveau du cou, est dans le même temps prise en charge par les sapeurs-pompiers et le SAMU mais décède rapidement. Pour l'heure, on ne sait pas à quel moment de cette course-poursuite elle a été touchée par balle. Cette jeune majeure était domiciliée à Laudun-L'Ardoise (Gard). Une perquisition aurait été menée à son domicile ce mercredi après-midi.

Lors des premières constatations sur place, les policiers ont découvert une arme de poing jetée à l'avant de la Mégane, qui serait celle utilisée par le suspect. Des munitions de calibre 9mm et 7,65 ont également été découvertes rapporte notre source.

Condamné en 2013 pour avoir tiré sur des policiers

Le chauffard âgé de 30 ans, Ouania K., a été conduit à l'hôpital mais ses jours ne sont pas en danger a indiqué le procureur de la République de Grenoble, Eric Vaillant. L'homme a été placé en garde à vue différée. Ce dernier - qui est un ressortissant marocain en situation irrégulière -, est déjà bien connu des services de police et de la justice selon nos informations, confirmant celles du Dauphiné.

Il faisait l'objet de quatre fiches de recherche différentes et était également visé par décision de reconduite à la frontière. En outre, son nom est associé a pas moins de 48 antécédents judiciaires dans le fichier des forces de l'ordre (TAJ), notamment pour des faits de violences, violences avec arme, ou de vol, toujours selon nos informations.

Le trentenaire a par ailleurs été condamné en 2013 à huit ans de prison par le tribunal correctionnel de Carpentras (Vaucluse) pour avoir tiré sur des policiers de la brigade anticriminalité (BAC) l'année précédente, dans la cité des Amandiers. Plus récemment, en septembre 2021, Ouania K. a été interpellé à Bourgoin-Jallieu alors qu'il était muni d'une arme de poing approvisionnée. Il était également recherché par les gendarmes de La Tour-du-Pin, pour avoir été aperçu en pleine rue, avec un fusil d'assaut, début 2022, ajoute Le Dauphiné.

Deux enquêtes ont été ouvertes suite à cette course-poursuite et cette fusillade mortelle. La première pour "tentative de meurtre sur personnes dépositaires de l'autorité publique" et "refus d'obtempérer", qui a été confiée à la police judiciaire, et la seconde qui a été confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), concernant l'usage des armes des policiers.