Le mardi 10 décembre 2024 à 01:46 - MAJ mardi 10 décembre 2024 à 02:11
Manon, une jeune femme de 24 ans, a été jetée dans l’Isère depuis le pont de la Citadelle à Grenoble (Isère) dans la nuit de vendredi à samedi, vers 4 heures du matin, par un homme souffrant de troubles psychiatriques. Épuisée après une vingtaine de minutes passées dans l'eau glacée, elle a été secourue de justesse par deux policiers qui se sont jetés à l’eau pour la sauver.
Originaire de l’Isère mais installée à Paris depuis un an et demi, la jeune femme a relaté ce qui lui est arrivé au Dauphiné. "Ils [les policiers] sont arrivés in extremis au moment où j’allais lâcher prise. Je venais de crier : 'Je vais lâcher ! Je vais lâcher !' ; et j’ai entendu une voix derrière moi qui me disait : 'Tu peux lâcher, je te tiens !'", a-t-elle confiée, encore marquée par cette intervention salvatrice.
Le drame s’est produit alors que la jeune femme et ses amis rentraient de soirée et attendaient un taxi sur le pont de la Citadelle. L’agresseur, un homme de 32 ans, s’est précipité sur elle et l’a poussée par-dessus le parapet. La chute, d'environ six mètres, aurait pu être fatale, mais la jeune femme a eu la chance de tomber dans une poche d’eau, évitant les rochers présents à cet endroit. Son père, Nicolas, parle d’un double miracle : "Ma fille est doublement miraculée. Lorsqu’elle est tombée, elle a chuté dans une poche d’eau, alors qu’il y a des rochers partout à cet endroit. Ensuite, elle a réussi à s’accrocher à un rocher et à tenir dans l’eau glacée pendant une vingtaine de minutes".
Un sauvetage héroïque des policiers
Alors que Manon luttait contre le froid et la force du courant, les policiers, alertés par des témoins, sont arrivés sur les lieux. L'équipage était composé de quatre gardiens de la paix. Pendant que l’un d'eux procédait à l’interpellation de l’agresseur, maîtrisé par des passants, les trois autres ont rejoint la berge. Deux d’entre eux se sont jetés à l’eau pour secourir la jeune femme.
"Il faut vraiment rendre hommage à ces policiers", a souligné le père de la victime, à nos confrères. "Ils l’appelaient mais il n’y avait pas de réponse parce que ma fille commençait à être épuisée. Ils tentaient de la localiser avec leurs torches. Quand ils l’ont trouvée, deux d’entre eux se sont littéralement jetés à l’eau. Je veux les remercier, saluer leur courage, et d’ailleurs je vais me rendre à l’hôtel de police pour les remercier directement lors de leur prise de service car ils ont vraiment risqué leur vie pour sauver celle de ma fille". Manon, de son côté, raconte avoir perdu la notion du temps : "J’étais complètement tétanisée. Et je ne les ai même pas vus arriver derrière moi quand ils m’ont sauvée".
«Il va falloir maintenant digérer»
Si l’état de santé physique de la jeune femme ne suscite pas d’inquiétude, son père s’inquiète des séquelles psychologiques. "Physiquement, elle va effectivement bien, mais comment réagira-t-elle à ce traumatisme psychologique ? Être miraculée, c’est une chose, mais il va falloir maintenant digérer !", a-t-il estimé, exprimant aussi sa colère face à la montée de l’insécurité. "Il y a trop de problèmes d’insécurité, d’agressions à Grenoble. Il faut se donner les moyens de les résoudre et affronter la réalité".
L'agresseur hospitalisé d'office en psychiatrie
L’homme de 32 ans a été placé en garde à vue à l’hôtel de police, il a finalement été conduit à l’hôpital psychiatrique de Saint-Égrève. "La garde à vue a été levée en raison de ses problèmes psychiatriques", a précisé Éric Vaillant, procureur de la République de Grenoble, ajoutant que l'homme avait été hospitalisé d'office.