Près de 190 corps retrouvés en décomposition : un gérant de pompes funèbres condamné à 20 ans de prison

Un entrepreneur de pompes funèbres a été condamné à vingt ans de prison aux États-Unis pour avoir conservé près de 190 corps non inhumés et remis de fausses cendres à des familles. Il a également détourné près de 900 000 dollars d’aides publiques liées au Covid-19. Des faits qui ont été commis sur plusieurs années.
Près de 190 corps retrouvés en décomposition : un gérant de pompes funèbres condamné à 20 ans de prison
Illustration. (Shutterstock)
Par Actu17
Le lundi 30 juin 2025 à 21:26

Aux États-Unis, Jon Hallford, propriétaire de la société Return to Nature Funeral Home, a été condamné vendredi 28 juin à vingt ans de prison par la justice fédérale américaine. Ce chef d’entreprise basé à Colorado Springs (Colorado) a reconnu avoir conservé près de 190 corps non incinérés ou non inhumés entre 2019 et 2023, tout en ayant perçu des sommes importantes de la part des familles pour des services funéraires jamais réalisés.

D’après le communiqué du Département de la Justice du Colorado, Jon Hallford, âgé de 45 ans, a également été condamné à verser 1 070 413,74 dollars au titre des restitutions. Il a plaidé coupable de "conspiration en vue de commettre une fraude électronique", un chef d’accusation en lien avec la gestion frauduleuse de son entreprise funéraire. Le communiqué précise que "Hallford a omis d’incinérer ou d’inhumer au moins 190 corps, bien qu’il ait perçu plus de 130 000 dollars de la part de familles endeuillées". Le prévenu a dissimulé les corps "dans différents états de décomposition dans les locaux de la société", en prenant soin de "bloquer les fenêtres et les portes, restreindre l'accès au bâtiment et fournir de fausses explications quant aux odeurs nauséabondes".

L'enquête fédérale a également révélé que Jon Hallford et son épouse, Carie Hallford, avaient détourné des aides d’urgence liées au Covid-19, pour un montant total de 882 300 dollars, en soumettant de fausses informations dans leurs demandes de prêts à la Small Business Administration (SBA). Ces fonds, issus du programme EIDL prévu par le CARES Act, ont été utilisés pour financer des dépenses personnelles de luxe. Lors de l’audience, le procureur adjoint Tim Neff a décrit l’intérieur du bâtiment comme un lieu "où les corps étaient empilés si haut que les enquêteurs ne pouvaient pas avancer dans certaines pièces", et où "des planches ont dû être posées pour marcher au-dessus des liquides de décomposition".

Des urnes remplies de béton à la place des cendres

Selon les termes de l’accord de plaidoyer, Hallford "a remis à des familles des urnes remplies de béton sec" au lieu des cendres de leurs proches, et dans "au moins deux cas", le mauvais corps a été remis pour inhumation, sans que l’erreur ne soit révélée à la famille. À l’audience, la juge fédérale Nina Wang a estimé que "les circonstances et l’ampleur du crime de Hallford justifiaient la peine maximale" : "Il ne s’agit pas d’une affaire de fraude ordinaire", a-t-elle souligné.

Jon Hallford s’est exprimé avant que la peine ne soit prononcée : "Je suis profondément désolé pour mes actes. Je me hais encore pour ce que j’ai fait", a-t-il déclaré, ajoutant qu’il avait fondé l’entreprise "pour avoir un impact positif", avant que "tout ne devienne incontrôlable, surtout moi".

Les témoignages de plusieurs familles ont mis en lumière l’ampleur du traumatisme causé. Colton Sperry, un enfant dont la grand-mère est décédée en 2019, a confié à l'agence AP avoir sombré dans une profonde dépression après avoir appris que son corps était resté quatre ans dans le bâtiment funéraire. "Je manque tellement ma grand-mère", a-t-il dit en larmes. Derrick Johnson, un autre proche de victime, a dénoncé devant le tribunal une entreprise qui a "traité nos proches comme s’ils n’étaient pas humains", ajoutant : "Je me demande encore si ma mère était nue, empilée comme du bois".

«Une fraude criminelle utilisée pour exploiter des familles endeuillées afin de financer une vie de luxe»

Carie Hallford, poursuivie à la fois au niveau fédéral et par l’État du Colorado pour 191 chefs d’abus sur cadavre, a plaidé non coupable. Son procès fédéral est prévu en septembre 2025. Jon Hallford, lui, doit encore comparaître devant la justice de l’État pour les mêmes chefs d’accusation. La peine doit être prononcée en août.

Dans le communiqué, le procureur fédéral Peter McNeilly a dénoncé "une fraude criminelle utilisée pour exploiter des familles endeuillées afin de financer une vie de luxe", qualifiant les actes de Hallford de "profondément inhumains". L’agent spécial du FBI, Mark Michalek, a estimé que le mis en cause "n’avait aucun respect pour la dignité des défunts", et que son comportement visait uniquement à "satisfaire ses désirs et ambitions personnels".

Le dossier a été instruit par le FBI et le Bureau de l’inspecteur général de la SBA, avec le concours du Colorado Bureau of Investigation, du commissariat de Colorado Springs, du bureau du coroner du comté d’El Paso, de la gendarmerie du comté de Fremont, et du bureau du coroner de Fremont.