Le jeudi 14 août 2025 à 20:45
La ville de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) a annulé la projection du film Barbie, prévue en plein air ce vendredi 8 août, après des menaces proférées à l’encontre des agents municipaux par un groupe d’habitants. Une plainte a été déposée par la municipalité pour mise en danger des agents du service public et menaces, tandis qu’une enquête a été ouverte. Le préfet de police de Paris a également saisi la justice, dénonçant un "repli communautaire" et un "séparatisme". La ministre de la Culture, Rachida Dati, a annoncé un dépôt de plainte distinct pour entrave à la diffusion d’une œuvre artistique.
La séance devait se dérouler à 21 heures dans le quartier du Londeau, dans le cadre de "Ciné sous les étoiles", un programme gratuit de projections estivales organisé chaque année par l’intercommunalité Est Ensemble. Le film Barbie, réalisé par Greta Gerwig et interprété par Margot Robbie, avait été préalablement choisi par les habitants. Ce long-métrage, classé tout public, est présenté comme une satire féministe dénonçant la misogynie du monde réel. Il a généré 1,4 milliard de dollars au box-office mondial.
Le maire affirme que le film sera diffusé accompagné d'un débat
Dans un communiqué publié sur le site de la mairie et sur les réseaux sociaux, le maire PCF de Noisy-le-Sec, Olivier Sarrabeyrouse, a dénoncé l’action d’un "petit groupe du quartier [qui] a mobilisé son énergie sous la pression d’un individu pour empêcher la projection de ce film, pourtant classé tout public en France". Il a précisé que "nos agent·e·s du service public ont de nouveau été menacé·e·s de violence (...). Ces menaces ont été motivées par des arguments fallacieux, traduisant l’obscurantisme et le fondamentalisme instrumentalisés à des fins politiques". Interrogé par Le Parisien, il a raconté : "Tandis que les agents installaient, des jeunes les ont menacés, disant qu’ils allaient empêcher le visionnage et démolir le matériel (...), c’est devenu très agressif". Il a également rapporté que les individus affirmaient que "ça prône l’homosexualité et que c’est une atteinte à l’intégrité de la femme".
Olivier Sarrabeyrouse a indiqué à l’AFP que la décision d'annuler la projection avait été prise pour préserver la sécurité du personnel et des spectateurs : "Je n’ai pas cédé à une pression, j’ai agi en tant que maire responsable pour la sécurité des agents et des familles". Sur le plateau de BFMTV, il a déclaré que le film sera diffusé, accompagné d’un débat, et qu’il "n’en resterait pas là". Il a affirmé que "d’un problème, je vais faire une solution pour travailler sur cette question-là", ajoutant qu’il n’y aurait "pas de zone de non-droit culturelle à Noisy-le-Sec".
«Encore une atteinte grave à la programmation»
La mairie a confirmé le dépôt de plainte pour menaces et mise en danger, effectué jeudi 14 août au matin. Parallèlement, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a réagi sur le réseau social X : "Encore une atteinte grave à la programmation privant familles et enfants d’une activité culturelle. Depuis un an, j’ai pris des mesures fermes contre ces atteintes graves devenues une nouvelle forme de délinquance. Une plainte est en cours". Le ministère a précisé que, sur la base de l’article 40 du code de procédure pénale, un signalement et un dépôt de plainte avaient été effectués pour entrave à la liberté de diffusion de la création artistique, infraction prévue par l’article 431-1 du code pénal et punie d’un an de prison et de 15 000 € d’amende.
Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a également réagi. Dans un message publié sur X, il a déclaré qu'"après avoir pris connaissance de cette déprogrammation et que les faits qui en sont à l’origine relèvent du repli communautaire et du séparatisme, sont contraires aux fondements de notre République et sont susceptibles de relever de qualifications pénales, j’ai saisi ce jour la Justice". Il a précisé que ce signalement visait l’"empêchement de l’exécution d’une mission de service public", fondé sur l’article 433-3-1 du code pénal.
Enquête ouverte
Une enquête a été ouverte par le parquet de Bobigny pour "menaces, violences ou actes d’intimidation envers un chargé de mission de service public pour qu’il accomplisse ou s’abstienne d’acte de sa mission". Le commissariat de Noisy-le-Sec a été chargé des investigations.