Le vendredi 17 juin 2022 à 15:47
Le propriétaire du site pornographique "Jacquie et Michel", Michel Piron, et quatre autres personnes sont vendredi en cours de présentation à un juge d'instruction en vue d'une éventuelle mise en examen, a indiqué le parquet de Paris, confirmant une information du Parisien.
Michel Piron, 64 ans, son épouse Araceli, 60 ans, et trois hommes, présentés comme des "acteurs" par une source proche du dossier, ont été placés en garde à vue mardi dans le cadre d'une enquête ouverte en juillet 2020 à Paris.
Au terme de cette garde à vue, ils sont présentés à un magistrat instructeur dans le cadre d'une information judiciaire ouverte notamment pour proxénétisme aggravé, traite des êtres humains en bande organisée, viols et complicité de viols, viol avec torture et acte de barbarie, a précisé le parquet de Paris.
Une enquête ouverte en juillet 2020 suite à un signalement
Mardi, Nicolas Cellupica, l'avocat du groupe Arès, présidé par M. Piron et détenteur du site pornographique, avait assuré dans un communiqué que le groupe +Jacquie et Michel+ n'avait "jamais produit ou réalisé de film" et n'était "que diffuseur de films réalisés par des producteurs indépendants".
Le parquet avait lancé en juillet 2020 cette enquête, confiée à la police judiciaire parisienne, après un signalement adressé par Osez le féminisme, les Effronté-es et le mouvement du Nid. Ces trois associations relayaient les témoignages de plusieurs actrices qui assuraient avoir été contraintes à des "pratiques sexuelles 'hors normes et douloureuses'" alors qu'elles n'étaient pas consentantes.
Ce signalement avait suivi la diffusion en février par le site Konbini d'une vidéo intitulée "les coulisses sordides du porno amateur", dans laquelle deux femmes témoignaient de ces pratiques. Dans un livre-enquête intitulé "Judy, Lola, Sofia et moi" (Ed. Goutte d'Or, 2018), le journaliste Robin d'Angelo a raconté son infiltration dans l'industrie du porno amateur et dénoncé l'absence récurrente de consentement et le non-respect du droit du travail.
Le groupe, qui annonçait 15 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2016, selon le journaliste, a fondé son succès sur l'achat à petits prix de vidéos d'amateurs en France, avant de professionnaliser peu à peu sa production. L'entreprise fondée en 1999 concurrence désormais Dorcel, un des leaders de l'industrie pornographique.