«J'ai envie de tuer quelqu'un aujourd'hui» : ce que l'on sait sur l'agression d'une professeure par une élève de 12 ans à Rennes

Une enquête pour tentative d'homicide volontaire a été ouverte après qu'une élève de 12 ans a menacé sa professeure d'anglais avec un grand couteau, en plein cours, au collège des Hautes-Ourmes, à Rennes, ce mercredi matin. Le point sur ce que l'on sait concernant cette affaire.
«J'ai envie de tuer quelqu'un aujourd'hui» : ce que l'on sait sur l'agression d'une professeure par une élève de 12 ans à Rennes
Des policiers devant le collège des Hautes-Ourmes à Rennes, ce mercredi 13 décembre 2023. (Claire Staes / PhotoPQR / Maxppp)
Par La Rédaction
Le mercredi 13 décembre 2023 à 21:36 - MAJ jeudi 14 décembre 2023 à 00:10

Ce mercredi matin, au collège des Hautes-Ourmes à Rennes (Ille-et-Vilaine), une élève de 12 ans a menacé et poursuivi sa professeure d'anglais avec un grand couteau, provoquant une intervention de police et la mise en place d'une cellule d'écoute pour les élèves et le personnels. Une enquête pour "tentative d'homicide volontaire sur personne chargée d'une mission de service public" a été ouverte par le parquet de Rennes et confiée à la sûreté départementale.

Le procureur de la République, Philippe Astruc, est revenu longuement sur cette affaire, durant une conférence de presse ce mercredi en début de soirée. Les faits ont eu lieu vers 09h30, en pleine diffusion d'un film pédagogique. Voyant une de ses élèves agitée et levant le doigt, l'enseignante est allée s'asseoir à côté d'elle. La professeur a expliqué aux policiers que la jeune fille avait alors lâché : "Je suis folle aujourd'hui, j'ai envie de tuer quelqu'un aujourd'hui, j'ai envie de tuer les élèves qui ne m'aiment pas et la personne qui est en face de moi", évoquant l'assassinat de Dominique Bernard, professeur de français tué par un terroriste à Arras : "Ça s'est passé à Arras, je vais faire pareil". L'adolescente a alors exhibé son couteau.

Maîtrisée par le CPE et un médiateur

Face au danger, l'enseignante a évacué sa classe et s'est retrouvée seule avec l'adolescente, qui l'a alors menacée avec son couteau qu'elle a sorti de son cartable. La professeure a alors pris la fuite, poursuivie par son agresseur. Une autre professeure a ouvert la porte de sa classe pour faire entrer sa collègue, et a fermé la porte à clef. Le CPE et un médiateur du collège ont ensuite désarmé et maîtrisé la jeune fille.

L'adolescente hospitalisée d'office

Née en 2011 à Marseille, cette élève, ne pouvant être placée en garde à vue de par son âge, a été soumise à une "retenue judiciaire", et une expertise psychiatrique a été réalisé ce mercredi après-midi. Le procureur Philippe Astruc a souligné l'importance de la "dimension psychologique voire psychiatrique" dans cet acte et a évoqué la nécessité de comprendre le contexte de cet acte grave.

En fin de soirée dans un communiqué, le magistrat a annoncé que l'examen de l'adolescente a conclu qu'elle "était 'dangereuse pour elle-même' et que son état nécessitait des soins en milieu spécialisé". "A la suite, une ordonnance de placement provisoire a été prise par le parquet de Rennes confiant la mineure au Conseil départemental avec hospitalisation en milieu spécialisé le temps nécessaire aux soins. La mesure de retenue judiciaire a été levée et la mineure vient d’être hospitalisée dans ce cadre", ajoute la même source.

L'adolescente, l'aînée d'une famille d'origine mongole installée à Rennes depuis 2012, était connue pour des troubles du comportement et de la communication. Elle avait déjà été exclue d'un collège pour menaces et injures et avait auparavant apporté un couteau dans un établissement.

Le parquet antiterroriste n'a pas souhaité se saisir de ce dossier. Les liens entre cet acte et la confiscation du téléphone de l'adolescente la semaine dernière, par l'enseignante, sont également examinés par les enquêteurs, bien que le procureur ne considère pas cela comme "l'élément central du passage à l'acte". Le collège, classé REP+ (Réseau d'éducation prioritaire) et accueillant près de 700 élèves, a suspendu ses cours suite à cet incident. Le recteur d'académie, Emmanuel Ethis, a fermement condamné l'agression et salué la réactivité du personnel.