Le jeudi 27 juillet 2023 à 13:25
Le jeune Hedi, 22 ans, assistant de direction dans le secteur de l'hôtellerie-restauration, s'est exprimé mercredi dans un entretien à Konbini, affirmant de nouveau avoir été violemment agressé par des policiers de la brigade anti-criminalité (BAC) à Marseille, lors des émeutes qui ont eu lieu dans la nuit du 1er au 2 juillet.
Dans son témoignage, Hedi décrit la soirée comme une fête des terrasses. "Avec un ami, on a croisé une équipe de la BAC. On leur a dit 'bonsoir' et on a vu qu'ils n'avaient pas envie de discuter avec nous", se rappelle-t-il. Ce qui s'est ensuite déroulé est un véritable cauchemar selon le jeune homme. "En me retournant, j'ai reçu un impact dans la tête", déclare-t-il. "Au début, je ne savais pas bien ce que c'était".
Hedi prétend qu'après être tombé, il a été traîné dans un coin sombre par les policiers. "On m'a attrapé et on m'a traîné dans un petit coin où il faisait tout noir. À la suite de quoi on a commencé à me frapper". Il se souvient d'un policier "allongé" sur lui, l'empêchant de bouger. "Il y en a qui m'ont frappé avec les poings, d'autres m'ont frappé avec les matraques. Je me suis fait casser la mâchoire". Il affirme que l'agression s'est produite "d'un coup", "sans raison particulière".
«Je ne sentais plus mon corps»
Durant toute l'agression, Hedi affirme qu'"à aucun moment on m'a demandé mes papiers, à aucun moment on m'a demandé ce que je faisais là. J'ai essayé de leur dire qu'ils pouvaient me fouiller quand j'étais au sol, que je n'avais rien de dangereux. Mais ils ne voulaient rien savoir".
Hedi déclare également que les policiers l'ont laissé à terre, dans le noir. Dans son état de confusion et de douleur, il a tenté de toucher sa tête, ne sentant pas son crâne, mais plutôt quelque chose de rond. "Je devais avoir des résidus de flashball j'imagine", dit-il. "De là, petit à petit, je montais en pression et j'ai commencé à faire une crise de panique. Je ne sentais plus mon corps".
Ces blessures ont eu des conséquences dévastatrices sur la santé de Hedi. Victime d'un traumatisme crânien, il est resté dans le coma pendant plusieurs heures et a dû subir trois opérations chirurgicales. Une partie de son crâne a dû lui être retirée. Aujourd'hui, il est défiguré, a perdu dix kilos, souffre de migraines constantes, a des difficultés à se déplacer et doit porter un casque pour sa protection. "Malheureusement je sais que je n’aurai plus ma vie d’avant et ma vie d’avant, elle était bien", confie-t-il tristement.
Hedi, 22 ans, a été touché par un tir de LBD, roué de coups et laissé pour mort par la BAC de Marseille. Une partie de son crâne a dû être retiré pour le sauver. Il témoigne et raconte comment il envisage l’avenir. pic.twitter.com/PGsLcqjrGu
— Konbini news (@konbininews) July 26, 2023
Un policier écroué et une crise dans la police
Dans cette enquête, quatre policiers de la BAC ont été mis en examen le 20 juillet pour violences en réunion, l'un d'eux ayant été placé en détention provisoire. Cette détention a suscité une vague de protestation dans les rangs policiers. Des centaines de fonctionnaires du sud-est de la France, mais également en région parisienne, ont déposé des arrêts maladie - en majorité pour burnout - depuis l'incarcération de leur collègue, qu'ils estiment injustifiée. Des centaines de policiers ont également décidé de répondre à l'appel du syndicat Unité SGP Police FO et se sont mis en "code 562", ce qui correspond à un service minimum durant lequel ils ne répondent plus qu'aux appels d'urgence.