Kendji Girac a dit «vouloir simuler un suicide» pour «faire peur à sa femme» suite à une dispute

Kendji Girac a lui-même pressé la détente de l'arme à feu qui lui a causé de graves blessures, tôt lundi matin à Biscarosse (Landes), alors qu'il était ivre. Il a reconnu avoir voulu "simuler un suicide" pour "faire peur à sa femme", suite à une dispute, alors qu'elle venait de lui dire qu'elle souhaitait "partir". Les premiers éléments de l'enquête ont confirmé l'hypothèse d'un tir provoqué par l'artiste lui-même.
Kendji Girac a dit «vouloir simuler un suicide» pour «faire peur à sa femme» suite à une dispute
Kendji Girac en septembre 2023 dans l'émission "Clique TV" sur Canal+. (capture écran)
Par La Rédaction
Le jeudi 25 avril 2024 à 16:56 - MAJ jeudi 25 avril 2024 à 17:58

Le procureur de la République de Mont-de-Marsan, Olivier Janson, a livré un récit détaillé des premiers résultats de l'enquête sur la grave blessure par balle de Kendji Girac, dans un camp de gens du voyage à Biscarosse (Landes), tôt ce lundi matin. Le chanteur a reconnu, lors de son audition ce mercredi, avoir "simulé un suicide" avec cette arme de poing, pour "faire peur à sa femme", Soraya Miranda, qui avait annoncé son souhait "de partir", suite à une dispute qu'ils ont eue. L'artiste, qui était ivre au moment des faits, est toujours hospitalisé. Il a écarté la piste d'un accident qu'il avait évoquée lors de ses premiers mots.

Le procureur a retracé le déroulement de l'intervention des secours et des gendarmes, tôt lundi matin, lorsque les faits se sont produits. Le SAMU a été appelé à 05h24 et ce sont les sapeurs-pompiers qui sont arrivés les premiers sur place, dans ce camp de gens du voyage situé à la sortie de Biscarosse. Les secouristes sont guidés jusqu'au fond du camp, où ils trouvent le chanteur - qu'ils n'ont pas reconnu - assis sur une chaise, en caleçon, à l'extérieur de sa caravane. L'homme présente une blessure par balle apparente. Le magistrat décrit une intervention "loin d'être facilitée" par un "accueil rugueux". "Ils [les autres habitants] voulaient que le blessé soit emmené le plus vite possible à l'hôpital", précise Olivier Janson. Les sapeurs-pompiers ont raconté avoir "entendu plusieurs versions des faits" de la part des autres habitants du camp, durant leur intervention. Face à "l'attitude fermée" des personnes autour d'eux, les pompiers vont alors "pensé qu'il s'agit peut-être d'une tentative d'homicide".

«Aucune explication des uns et des autres»

Pendant que le chanteur est évacué à l'hôpital, les gendarmes arrivent sur place à leur tour. Ils ont dû "insister" auprès des personnes dans le camp afin d'obtenir des éléments sur ce qui s'est passé. Il n'y avait "aucune arme visible" et les personnes sur place "refusaient de donner leur identité". Les enquêteurs n'obtiennent alors "aucune explication des uns et des autres", souligne le magistrat. Toutes les pistes sont alors étudiées, notamment celle d'une tentative de meurtre, ou encore d'une tentative de suicide.

Le premier examen du médecin légiste a montré que le tir a été effectué avec une distance "compatible avec un tir à bout portant (...) relativement proche". "Les conséquences auraient pu être beaucoup plus graves qu'elles ne le sont", expose le procureur, qui évoque un bilan "miraculeux". La balle est en effet passée "à proximité immédiate du cœur". Un poumon et la rate de l'artiste notamment ont été touchés.

«J'étais seul avec ma femme dans la caravane, et il n'y a rien d'autre»

"J'ai fait ça tout seul. J'ai acheté une arme à la brocante. Je n'ai pas l'habitude. J'étais seul avec ma femme dans la caravane, et il n'y a rien d'autre", a d'abord exprimé Kendji Girac, peu après les faits. L'arme à feu a finalement été retrouvée par les gendarmes, "à quelques dizaines de mètres de la caravane", après un échange entre le directeur d'enquête et le père du chanteur, "dans un buisson". Le père a ensuite "ramené le chargeur avec un étui". Des objets qui n'ont pas pu être analysés par les enquêteurs, étant donné que de nombreuses personnes y avaient touché.

Concernant l'arme à feu, il s'agit d'un pistolet Remington modèle 1911 de calibre 11,43, "une arme ancienne" en "mauvais état d'entretien". Le procureur a indiqué qu'un "tir intempestif est peu probable" dans cette affaire, et qu'un tir accidentel est tout simplement "impossible". "Il ne peut pas y avoir un coup de feu sans qu'on ait mis en fonctionnement cette arme", a insisté Olivier Janson, qui a ensuite retracé le déroulement des jours et des heures précédents le drame. Kendji Girac s'est rendu avec un groupe d'une quinzaine de jeunes du camp, au casino de Biscarosse en début de soirée. Une soirée qui s'est déroulée normalement, sans incident. Le chanteur décide ensuite de quitter l'établissement vers 23 heures. Il revient alors à sa caravane et le coup de feu a lieu vers 05h30.

Une consommation de cocaïne et des disputes

Le procureur indique que la compagne du chanteur, Soraya Miranda, a été interrogée par les gendarmes. Cette dernière va livrer de nombreux éléments permettant de contextualiser ce qui s'est passé lundi matin. Elle a rappelé qu'elle avait rencontré Kendji Girac en 2014 en Suisse, et qu'ils ne se sont "jamais quittés depuis". "De 2014 à 2020, le couple a fonctionné sur un mode de séparation - retrouvailles", décrit le procureur, avec des "allers-retours réguliers", entre la France et la Suisse. Ils se voyaient alors "extrêmement couramment". Ils ont décidé de "s'installer ensemble en 2020, au bout de six ans" de relation. Soraya Miranda décrit alors une "intégration difficile" au sein de la communauté des gens du voyage, alors que le couple reçoit des critiques, selon elle. Elle évoque également le fait que Kendji Girac a une "addiction à l'alcool" et décrit des "tensions dans le couple". Il prend "des cuites de plus en plus nombreuses, de plus en plus longues". Le chanteur ne se montre néanmoins pas violent envers sa compagne ou sa fille "mais casse des objets" lorsqu'il est énervé, durant les disputes, et consomme de la cocaïne, "une à deux fois par semaine".

Lors du dîner dimanche soir, Kendji Girac avait "énormément bu durant le repas", a confié sa compagne. Leur fille était fatiguée et Soraya Miranda est rentrée à la caravane vers 20h30. Kendji Girac l'a prévenue qu'il se rendait au casino mais elle n'a ensuite "plus eu de nouvelles". A son retour, vers 02h30, il a réveillé leur fille, alors qu'il était ivre et une dispute a éclaté. L'artiste va finalement s'installer dans sa voiture - une Porsche Cayenne - et met de la musique. Sa compagne lui demande par SMS de baisser le son afin que leur enfant puisse se rendormir. Kendji Girac part en voiture, et s'installe à l'autre bout du camp, pour ne déranger personne. Selon le récit de Soraya Miranda, le chanteur revient dans la caravane quelques heures plus tard et se met à parler à sa fille, "en lui disant qu'il l'aime". Elle affirme qu'il est alors "assez agité" et qu'elle est mécontente car leur enfant est de nouveau réveillée. Elle annonce à son compagnon que "dans ces conditions, elle va devoir partir", ce qui l'énerve. Soraya Miranda retourne dans la chambre de la caravane avec sa fille, mais "laisse la porte entrouverte". Elle entend alors le coup de feu, puis découvre son compagnon blessé, avec une "arme au sol", et sort à l'extérieur pour donner l'alerte.

2,5 grammes d'alcool par litre de sang

Soraya Miranda a indiqué aux enquêteurs que Kendji Girac lui avait déjà fait part, au cours de dispute, qu'il "allait se mettre une balle ou s'ouvrir la gorge dans le cadre de dispute qu'ils avaient déjà pu avoir". L'expertise toxicologique du chanteur a montré qu'il avait une "alcoolisation massive" au moment du drame. A 5 heures du matin, son alcoolémie a été estimée à 2,5 grammes d'alcool par litre de sang. Il n'avait plus de cocaïne dans le sang lundi dans la journée "mais en avait consommé au cours de la nuit".

En outre, l'expertise balistique a fait apparaître qu'au moment du tir, Kendji Girac était debout dans la caravane, "à proximité immédiatement d'une paroi intérieure de la caravane", et que le "canon était particulièrement proche, entre 5 et 10 cm". La présence d'un tiers est "matériellement impossible", a annoncé le magistrat.

«Deux petites traces de cocaïne au retour du repas»

Kendji Girac a été interrogé par les enquêteurs durant deux heures ce mercredi, alors qu'il était "fatigué" et avait "un peu de mal à respirer". "C'était les vacances, j'ai tout lâché, j'aurais pas du boire autant pour un premier repas. (...) J'ai pris 'deux petites traces de cocaïne au retour du repas'", a-t-il confié, d'après le procureur. Le chanteur a de nouveau consommé d'alcool au dîner. Il "se souvient que sa femme lui a dit qu'elle voulait partir (...). Il est revenu sur sa première version et ne dit plus que le coup est parti involontairement, comme il l'avait déclaré initialement". Kendji Girac a affirmé "avoir eu très peur quand il a entendu sa femme parler de départ", et qu'il a "voulu lui faire peur à son tour" et "en quelques sortes, simuler un suicide". Il dit également "avoir omis de vérifier si le chargeur dans cette arme de poing contenait des munitions. Il le croyait vide". "J'étais tout seul, j'ai eu peur, ma famille n'était pas là. Quand j'ai vu qu'elle allait partir j'ai eu peur", a déclaré l'artiste, affirmant qu'il était ivre et que Soraya Miranda était "la femme de sa vie". Le jeune homme a déclaré qu'il ne se souvenait pas de ce qui s'est passé ensuite, et qu'il avait acheté cette arme le 18 avril à "un gars qui est passé au camp" pour 500 euros, avant de la mettre dans un placard. Kendji Girac a fait part de "ses regrets". "J'ai fait quelque chose qui n'est pas moi, qui n'est pas dans mes habitudes", a-t-il confié.

Le procureur de la République a rappelé que la tentative de suicide "ou la simulation d'un acte de suicide" ne représente pas une infraction, et que l'enquête allait prendre fin prochainement suite aux résultats des premières investigations. Il a également indiqué que la balle qui a grièvement blessé Kendji Girac a été retrouvée et qu'une expertise balistique se poursuit, afin de confirmer que le projectile provient bien de l'arme récupérée par les gendarmes.