Le lundi 17 octobre 2022 à 10:17 - MAJ lundi 17 octobre 2022 à 13:15
Deux personnes - la suspecte principale de 24 ans et un homme - sont déférées ce lundi devant un juge d'instruction en vue de leur mise en examen dans l'affaire du meurtre sordide de la petite Lola, 12 ans, dans le XIXe arrondissement de Paris annonce le parquet. La fillette a notamment subi un viol.
Une information judiciaire est ouverte des chefs de meurtre sur mineure de moins de 15 ans en lien avec un viol commis avec actes de torture et de barbarie, viol sur mineur de 15 ans avec actes de torture et de barbarie, et recel de cadavre, précise le parquet, qui a requis le placement en détention provisoire des deux suspects originaires d'Algérie. Les deux autres suspects qui étaient toujours en garde à vue ce dimanche, ont été remis en liberté sans charge à ce stade des investigations.
Les parents de Lola ont alerté la police vendredi en fin d'après-midi alors que leur fillette n'était pas rentrée au domicile familial, un appartement situé au 119 rue Manin (XIXe), après sa sortie du collège Georges-Brassens situé à quelques pas de là. Pourtant, lorsque le père de famille - gardien de l'immeuble - consulte les vidéoprotections du bâtiment, il aperçoit sa fille qui rentre dans le hall à 15h20, accompagnée d'une femme que les parents ne connaissent pas. C'est la dernière fois que Lola sera vue vivante.
Les policiers débutent des recherches et la brigade de protection des mineurs (BPM) est saisie dans la soirée. Un chien pisteur permet aux enquêteurs de découvrir des éléments inquiétants au sous-sol, au niveau -3, notamment un cutter et du gros scotch. La piste criminel est alors privilégiée. Un peu plus tard vers 23 heures, une patrouille de police qui passe devant le 40 rue d'Hautpoul - dont la cour intérieure donne sur celle de la rue Manin - est alertée par un sans domicile fixe de 42 ans dans la rue, qui vient de découvrir une grande boite avec le corps d'un enfant à l'intérieur, à l'entrée de la résidence. Le rapprochement est rapidement fait : c'est le corps de Lola qui vient d'être découvert à quelques dizaines de mètres de chez elle. Elle présente une plaie profonde à la gorge et a été ligotée. Les chiffres 0 et 1 sont découverts à ses pieds, sur des papiers, sans que l'on sache pour l'heure ce qu'ils représentent. L'autopsie a montré que la petite fille est morte asphyxiée.
Elle serait revenue sur place avec le corps de la fillette
Les policiers interpellent plusieurs suspects dans la foulée et remontent jusqu'à la suspecte principale qui est restée un long moment devant l'immeuble de la victime, cherchant de l'aide pour déplacer la malle où se trouve le corps, ainsi que deux valises. Elle a notamment sollicité plusieurs personnes, dont un habitant du quartier qui passait par là, en lui proposant de l'argent pour déplacer cette grande boite, et en évoquant un "trafic d'organes" comme l'a révélé Actu17. L'homme aurait finalement pris peur en sentant une forte odeur de javel et en apercevant des traces de sang sur des draps dans la malle. Celui-ci ferait partie des deux suspects qui ont été remis en liberté sans charge au terme de leur garde à vue, au cours du week-end.
La jeune femme de 24 ans, sans domicile fixe, aurait quitté les lieux à bord d'une voiture break de type Dacia Lodgy vers 17 heures selon nos informations. Un véhicule que le second suspect conduisait. Le duo aurait à ce moment-là emporté la malle contenant le corps et les deux valises. La suspecte principale aurait ensuite utilisé, vers 22 heures, un VTC pour revenir dans le quartier, ce qui a permis aux enquêteurs d'obtenir des informations à son sujet. Sa sœur habite dans la résidence au 40 rue d'Hautpoul a révélé Le Monde. C'est à cet endroit que la malle et les valises ont été retrouvées une heure plus tard. La sœur a été arrêtée peu après la macabre découverte. La suspecte principale a quant à elle été interpellée le lendemain matin dans un appartement de Bois-Colombes (Hauts-de-Seine), après de longues heures de planque des policiers de la Crim'.
Les motivations de cette femme de 24 ans, qui aurait agi seule pour tuer la fillette, restent à définir. Avait-elle déjà repéré Lola ? Où a-t-elle trouvé cette malle et ces deux valises, ainsi que ce cutter ? La fillette a-t-elle été "choisie" au hasard ? La tueuse présumée a subi un examen de comportement samedi qui a conclu qu'elle était apte à rester en garde à vue. Elle aurait d'ailleurs tenu des propos cohérents durant ses auditions, mais devrait néanmoins faire l'objet d'un examen psychiatrique plus poussé ultérieurement. Cette dernière serait par ailleurs inconnue des services de police et de justice selon une source proche de l'enquête.
Les cours ont repris ce lundi matin au collège Georges-Brassens, où le choc était toujours palpable. Le ministre de l'Éducation Pap Ndiaye s'est rendu sur place et une cellule psychologique a été ouverte dans l'établissement. "Face à ce drame, au traumatisme des élèves et de l'équipe pédagogique, je leur apporte tout mon soutien et partage leur émotion. Merci aux cellules d'écoute pour leur travail, si nécessaire", a réagi le ministre sur Twitter.
J'étais ce matin au Collège Georges Brassens, à Paris, où la jeune Lola était scolarisée. Face à ce drame, au traumatisme des élèves et de l'équipe pédagogique, je leur apporte tout mon soutien et partage leur émotion. Merci aux cellules d'écoute pour leur travail, si nécessaire.
— Pap Ndiaye (@PapNdiaye) October 17, 2022