Refus d’obtempérer à Elancourt : la garde à vue des policiers levée, l’adolescent en état de mort cérébrale

Les deux policiers placés en garde à vue après qu'un adolescent de 16 ans a été très grièvement blessé à Élancourt (Yvelines) ont été remis en liberté ce jeudi après-midi. L'adolescent n'est en fait pas décédé mais en état de mort cérébrale.
Refus d’obtempérer à Elancourt : la garde à vue des policiers levée, l’adolescent en état de mort cérébrale
Illustration. (PhotoPQR / Maxppp)
Par Stéphane Cazaux
Le jeudi 7 septembre 2023 à 17:23 - MAJ jeudi 7 septembre 2023 à 21:05

La garde à vue des deux policiers interrogés par les enquêteurs de l'inspection générale de la police nationale (IGPN) dans l'enquête sur les graves blessures d'un adolescent de 16 ans, à Élancourt (Yvelines), a été levée ce jeudi après-midi.

L'avocat de la famille du mineur, Sefa S., Me Yassine Bouzrou, a annoncé dans un communiqué qu'une plainte pour "tentative d'homicide volontaire" allait être "déposée ce jour". Dans une interview à Brut, il affirme que Sefa S. a été "percuté" par la voiture de police alors qu'il circulait à motocross.

Me Yassine Bouzrou précise par ailleurs que l'adolescent est en état de mort cérébrale à l'hôpital et n'est donc pas décédé, comme l'a annoncé le parquet de Versailles ce mercredi soir, avant de préciser à son tour ce jeudi que le jeune homme était bien en état de mort cérébrale. En outre, l'avocat réclame le dépaysement de l'enquête. Le parque de Versailles indique dans un communiqué qu'une "information judiciaire sera ouverte dans les jours qui viennent".

«Ca aurait pu être la voiture de monsieur tout le monde»

Interrogé par BFMTV, l'avocat des deux policiers, Me Laurent-Franck Lienard, affirme de son côté que "selon la réalité la plus évidente, un jeune qui fait n'importe quoi sur une motocross, sans casque, percute une voiture, et a un accident. Il se trouve que c'est une voiture de police, mais ça aurait pu être la voiture de "monsieur tout le monde". Il [l'adolescent] ne roulait même pas sur la voie de circulation mais sur la voie piétonne".

Me Laurent-Franck Lienard dénonce également le placement en garde à vue des policiers, qui a notamment duré toute la nuit. "Ils auraient pu être convoqués ce jeudi matin et rentrer chez eux hier soir. Il n'y avait aucune difficulté pour le faire", estime-t-il. "Ce détournement de la procédure pénale, (...) pour assurer la paix civile, pour assurer la sécurité quand on a un risque de troubles ou qu'on a une crainte de troubles, et bien on tape sur les policiers. On les met en garde à vue, on les met en détention, simplement pour éviter des émeutes".

«Ce drame aurait malheureusement pu être évité»

"C'est plus qu’insupportable et inexcusable ces refus d’obtempérer", réagit Éric Henry, délégué national du syndicat Alliance Police Nationale, à Actu17. "On renverse l’échelle des valeurs dans la société. La norme est tout simplement d’obtempérer aux injonctions ou aux contrôles de la police. Ce drame aurait malheureusement pu être évité".

"Nous nous satisfaisons de la levée des gardes à vue de nos collègues. Ils auraient dû être entendus en audition libre, hors régime de garde à vue", poursuit Éric Henry. "Le temps médiatique n’est pas celui de l’enquête, laissons celle-ci se dérouler sereinement. Il faut, enfin, réfléchir urgemment concernant la note 89 (une note de la direction centrale de la police nationale (DCSP) qui interdit les courses-poursuites sauf dans certains cas précis, ndlr), et sécuriser nos collègues sur les plans juridiques et réglementaires lors de leurs interventions, pour ne pas rester dans le flou. Ce n'est plus possible !".

Le drame s'est produit vers 18h20 ce mercredi soir. Un adolescent à motocross, sans casque, a refusé de s'arrêter lorsque les policiers - qui auraient été appelés pour des rodéos urbaines - lui ont ordonné. Dans sa fuite, Sefa S. aurait emprunté une piste cyclable avant d'entrer en collision avec un second véhicule de police arrivé en renfort pour cette intervention, comme nous l'écrivions hier soir. Les deux policiers qui ont été placés en garde à vue sont ceux qui étaient au volant des deux véhicules sérigraphiés.

Deux enquêtes ont été ouvertes dans cette affaire. La première du chef d'"homicide involontaire par conducteur" confiée à l'IGPN pour éclaircir des conditions de l'intervention des policiers. La seconde pour "refus d'obtempérer", confiée à la sûreté territoriale du département (ST 78).