Le vendredi 17 novembre 2023 à 22:35
Joël Guerriau, sénateur de Loire-Atlantique, a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire ce vendredi. Il est soupçonné d'avoir drogué la députée Sandrine Josso (MoDem) à son insu, lors d'une rencontre à son domicile dans la nuit de mardi à mercredi. Cette affaire a donné lieu à une confrontation de deux heures dans les locaux du 3e district de la police judiciaire (DPJ) de Paris, au cours de laquelle le sénateur a affirmé avoir cru consommer un "euphorisant" pour son propre usage, tandis que la députée a dénoncé une "trahison".
La victime, selon son avocate Me Julia Minkowski, est "toujours en état de choc". Elle a rapporté avoir été "prise de malaises après avoir bu une coupe de champagne", et a vu Joël Guerriau "se saisir d'un petit sachet en plastique contenant quelque chose de blanc". Des analyses ont révélé la présence d'ecstasy dans l'organisme de Sandrine Josso. Le parquet de Paris a confirmé la découverte d'ecstasy lors de perquisitions au bureau et au domicile du sénateur.
Me Rémi-Pierre Drai, l'avocat de Joël Guerriau, a déclaré que la confrontation "a permis à (son) client de confirmer avec force sa version des faits".
Joël Guerriau, banquier de profession et élu au Sénat depuis 2011, est secrétaire du Sénat et vice-président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées. Le ministre Christophe Béchu, secrétaire général du parti Horizons fondé par l'ancien Premier ministre Édouard Philippe, a évoqué la possibilité que le sénateur ne puisse "rester au sein du parti" en cas de doute sur son innocence. Un bureau politique du parti doit se tenir samedi matin pour discuter de la situation.
L'enquête est menée sous l'égide du parquet de Paris, qui a ouvert une enquête en flagrance. Cette procédure permet de contourner la nécessité de demander la levée de l'immunité parlementaire du sénateur. Joël Guerriau est mis en examen pour "administration à l'insu de Sandrine Josso d'une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes, afin de commettre un viol ou une agression sexuelle et détention et usage de substances classées comme stupéfiants", précise Me Rémi-Pierre Drai. Le contrôle judiciaire est assorti d'une obligation de soins et d'interdiction de contact avec la victime, a souligné le parquet de Paris.