Tirs dans un commissariat à Paris : le pronostic vital d'un des policiers toujours engagé, ce que l'on sait

Le pronostic vital d'un policier est toujours engagé ce vendredi matin suite aux coups de feu tirés par un suspect au commissariat du XIIIe arrondissement de Paris ce jeudi soir. L'homme venait d'être interpellé après une violente agression à l'arme blanche visant une femme. Trois enquêtes sont ouvertes dans ce dossier.
Tirs dans un commissariat à Paris : le pronostic vital d'un des policiers toujours engagé, ce que l'on sait
Le commissariat du 13e arrondissement de Paris, boulevard de l'Hôpital. (Google view)
Par Stéphane Cazaux
Le vendredi 10 mai 2024 à 11:28 - MAJ vendredi 10 mai 2024 à 13:00

Le pronostic vital d'un des deux policiers de 33 ans grièvement blessé par balle au commissariat du XIIIe arrondissement de Paris ce jeudi soir, est toujours engagé, a indiqué le préfet de police, Laurent Nuñez, ce vendredi matin à franceinfo. "Nous continuons à être très inquiets, à penser à eux et à leurs familles", a déclaré le préfet sur le plateau de la chaîne d'informations.

Peu après 1 heure du matin, Laurent Nuñez s'était déjà exprimé lors d'un point de presse devant le commissariat du XIIIe. Il a indiqué que le suspect, qui serait âgé de 32 ans, avait été interpellé après "une agression très violente" envers une femme de 73 ans vers 22 heures, dans un immeuble situé sur le quai de la Gare (XIIIe). Les forces de l'ordre avaient été appelées vers 21h20 par un habitant et s'étaient rapidement rendues sur les lieux. En arrivant, les policiers ont découvert des traces de sang sur le palier de l'appartement de la victime. Ils ont aussi entendu des appels au secours, décrit cette source. Trois autres équipages ont participé à cette intervention. Des fonctionnaires sont passés par le balcon, tandis que d'autres ont utilisé un banc en bois pour casser la porte du logement et ainsi y pénétrer au plus vite. Une fois à l'intérieur, le suspect aurait menacé de mort les policiers. Il a été maîtrisé à l'aide d'un pistolet à impulsion électrique (PIE) qui a été utilisé à trois reprises. Les forces de l'ordre ont ensuite apporté les premiers soins à la victime qui avait reçu des coups de cutter au cou et aux bras. "Le cutter ensanglanté a été retrouvé sur place. Une deuxième lame se trouvait dans les parties communes", précise notre source.

La victime a été transportée à l'hôpital par les secours alors qu'elle était en état d'urgence absolue sans que son pronostic vital soit engagé. Le parquet a ouvert une enquête pour "tentative de meurtre" dans cette affaire. La victime a été initialement présentée comme la compagne du suspect mais le parquet a précisé que les "éventuels liens" entre elle et le suspect devront être clarifiés.

Le suspect a tiré au moins quatre fois

Une fois arrivés au commissariat avec le suspect, les policiers du groupe de soutien des quartiers (GSQ) l'ont conduit jusqu'à l'éthylomètre afin de déterminer son alcoolémie, étant donné qu'il semblait en état d'ébriété. Une procédure classique afin de déterminer si le mis en cause peut être placé directement en garde à vue, ou s'il doit être placé d'abord en garde à vue différée et en cellule de dégrisement. C'est au moment de cette vérification, vers 22h30, que l'homme est parvenu à se saisir de l'arme d'un des deux agents et à ouvrir le feu à au moins quatre reprises, d'après la même source. Il a été neutralisé par balles par l'un des deux agents. Les autres policiers présents dans le commissariat ont entendu les tirs et ont apporté les premiers soins aux victimes, alertant les secours qui sont rapidement arrivés.

Le fonctionnaire qui est désormais hors de danger a été touché à trois reprises au niveau d'une jambe et de l'abdomen, tandis que son collègue, qui est toujours entre la vie et la mort, a été impacté en bas de l'abdomen. Les deux victimes ont été transportées en état d'urgence absolue, sous escorte, à l'hôpital. Elles ont subi une opération au cours de la nuit. Le suspect a quant à lui été touché au thorax et à l'épaule, il a été évacué lui aussi à l'hôpital en urgence absolue, sans que ses jours soient en danger. Une cellule psychologique a été ouverte au commissariat pour prendre en charge les policiers qui en ressentent le besoin. "Ils sont nombreux à être très choqués par ce qui s'est passé", confie une source policière.

L'identité du suspect doit encore être confirmée a indiqué le parquet de Paris dans la nuit de jeudi à vendredi. L'homme serait déjà connu des services de police et les enquêteurs pensent avoir son identité, selon cette source proche de l'affaire. Les examens devront également déterminer s'il avait consommé des produits stupéfiants au moment des faits, en plus de l'alcool. Ses motivations et son profil devront être éclaircis. L'enquête permettra également de comprendre comment cet homme est parvenu à s'emparer de l'arme de ce policier, un Sig Sauer SP 2022 de calibre 9 mm. "Il est rare qu'un agresseur réussisse à s'emparer de l'arme d'un policier, mais les tentatives sont plus fréquentes lors de rébellions durant des interventions dans des espaces confinés", observe la même source policière.

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Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a adressé sur X ce vendredi matin ses "pensées" et son "soutien" aux deux policiers "au moment où ils sont encore hospitalisés".

"J’exprime toute ma solidarité avec le commissaire et les policiers du 13e", a réagi le maire du XIIIe arrondissement, Jérôme Coumet, sur X.

Trois enquêtes

Le parquet de Paris a annoncé que trois enquêtes ont été ouvertes dans ce dossier. Deux ont été confiées au 3e district de police judiciaire (DPJ) : l'une pour "tentative de meurtre sur la femme", la seconde pour "tentative de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité publique". La troisième a été confiée à l'inspection générale de la police nationale (IGPN) pour "violences volontaires avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique", et permettra de confirmer que le policier ayant ouvert le feu, a agi dans un cadre réglementaire de légitime défense.