Un CRS mis en examen pour l'éborgnement d'un Gilet jaune à Paris, en 2019

Un policier a été mis en examen pour l'éborgnement d'un Gilet jaune lors d'une manifestation en 2019 à Paris. La responsabilité du préfet de police de l'époque, Didier Lallement, est également mise en question dans ce dossier.
Un CRS mis en examen pour l'éborgnement d'un Gilet jaune à Paris, en 2019
Illustration. (Shutterstock)
Par Actu17
Le dimanche 7 mai 2023 à 12:28

Fabrice T., un policier âgé de 48 ans faisant partie d'une Compagnie républicaine de Sécurité (CRS), a été mis en examen le 30 mars dernier pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique" suivies d'une mutilation ou infirmité permanente. Ce crime est passible des assises et concerne l'éborgnement de Manuel Coisne, un manifestant Gilet jaune, lors d'une manifestation autorisée à la place d'Italie à Paris, le 16 novembre 2019.

D'après les éléments obtenus par l'AFP, Fabrice T. aurait agi dans un contexte "très hostile (...) suite à une requête des pompiers qui voulaient éteindre les barricades en feu et qui étaient pris à partie par les manifestants hostiles". Les enquêteurs ont établi, en se basant sur de nombreuses vidéos et une expertise balistique, que l'un des deux tirs de Fabrice T. a gravement blessé Manuel Coisne, alors âgé de 41 ans, à l'œil gauche, causant la perte totale et définitive de cet œil.

Lors de son interrogatoire, Fabrice T. a déclaré "je ne sais pas quoi dire par rapport à ça" en réaction aux conclusions des enquêteurs et a reconnu que la blessure du manifestant était "dramatique". Il a néanmoins contesté l'avis de l'expert selon lequel son tir était non réglementaire, "assimilable à un tir tendu".

«Ils attendent désormais l'étude de la responsabilité pénale du préfet»

L'avocat de Fabrice T., Me Laurent-Franck Liénard, a affirmé qu'ils contesteront cette mise en examen devant la chambre de l'instruction pour divers motifs, car rien ne serait justifié dans cette décision. De son côté, l'avocat de Manuel Coisne, Me Arié Alimi, a déclaré que "Manuel et sa femme sont soulagés après ces trois ans d'attente. Mais [ils sont] confiants dans la justice pénale. Ils attendent désormais l'étude de la responsabilité pénale du préfet Didier Lallement qui a donné les ordres".

Un juge d'instruction a décidé fin août d'enquêter sur les accusations de deux figures des Gilets jaunes qui affirment avoir été mises en danger par une nasse et empêchées de manifester lors de cette même manifestation du 16 novembre 2019.