Le vendredi 7 février 2025 à 06:00
Un homme de 37 ans a été interpellé lundi soir à Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis) après avoir poignardé à mort un jeune homme de 27 ans en pleine rue. Il a été interné en psychiatrie dès le lendemain, son état de santé ayant été jugé incompatible avec un placement en garde à vue. Selon une source judiciaire, cet homme, Soufiane O., avait déjà tué en 2015 à Paris et avait été déclaré pénalement irresponsable en raison d’une abolition de son discernement, selon une source judiciaire, confirmant une information du Parisien.
Les faits remontent au 11 mars 2015, avenue Daumesnil, dans le XIIe arrondissement de Paris. Ce jour-là, Soufiane O. avait abattu d'une balle dans le torse un homme devant un bar. Tentant de lui venir en aide, un serveur avait enfermé la victime dans les toilettes pour lui prodiguer les premiers soins. L'agresseur aurait alors tenté d'entrer pour s'en prendre de nouveau à la victime, selon un témoignage recueilli par nos confrères.
Déclaré pénalement irresponsable
Interpellé peu après, Soufiane O. avait été poursuivi pour meurtre, mais la chambre de l’instruction de Paris l’avait déclaré pénalement irresponsable le 21 novembre 2017, estimant qu’un "trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes" l’empêchait d’être jugé. Il avait alors été interné d’office en unité spécialisée.
Ce lundi 3 février, Soufiane O. devait se rendre à une consultation au centre médico-psychologique (CMP), mais il ne s’y est pas présenté, selon une source proche de l’affaire. Le soir même, vers 20 heures, il a attaqué un homme de 27 ans boulevard Jean-Jaurès, qui a été tué par de multiples coups de couteau, au milieu de la route. Un meurtre particulièrement violent, révélé par Actu17, qui a été filmé par des témoins et une caméra de vidéoprotection.
Les policiers de la brigade territoriale de contact (BTC) d'Aulnay-sous-Bois ont interpellé le meurtrier présumé à quelques centaines de mètres, alors qu'il venait d'être pris en charge par des sapeurs-pompiers. Il leur a spontanément déclaré avoir poignardé quelqu’un. Son portefeuille a été découvert à proximité du corps de la victime et, lors de son interpellation, les policiers ont trouvé un long couteau de cuisine, qui aurait été utilisé pour commettre le crime, ainsi qu'une hachette.
Un suivi psychiatrique en question
Soufiane O. avait déjà eu affaire à la justice pour des violences en 2012, mais aucune condamnation n’avait été prononcée, son irresponsabilité pénale ayant été retenue. Il avait ensuite été suivi à l’hôpital de Ville-Evrard (Neuilly-sur-Marne), puis, à partir de 2022, à l’hôpital Ballanger (Aulnay-sous-Bois).
Selon Karine Jean, experte psychiatre à la Cour d’appel de Paris, qui a été interrogée par Le Parisien, "deux irresponsabilités pénales successives, c’est rarissime. Sur 80 cas examinés par an, il doit y avoir 5 cas d’abolition du discernement au plus". Elle précise qu’aucun lien direct n’a jamais pu être démontré entre la maladie mentale et un passage à l’acte criminel, et que "la probabilité de récidive meurtrière dans un moment d’expression pure de maladie mentale est de l’ordre de celle de recevoir la foudre sur soi".