Le mardi 3 juin 2025 à 12:51 - MAJ mercredi 4 juin 2025 à 10:17
Le policier auteur du tir mortel sur Nahel M. à Nanterre (Hauts-de-Seine) en juin 2023, sera jugé pour meurtre, a-t-on appris auprès du parquet. Une décision conforme aux réquisitions du parquet en mars dernier.
"Les deux magistrats instructeurs du tribunal judiciaire de Nanterre ont rendu ce jour une ordonnance de mise en accusation" ordonnant "le renvoi du fonctionnaire de police mis en examen devant la cour d'assises du chef d'homicide volontaire", peut-on lire dans un communiqué du tribunal judiciaire de Nanterre. "Un procès pourrait se tenir devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine au 2e ou au 3e trimestre 2026", précise-t-on.
Le policier va saisir la cour d'appel de Versailles
"Cette ordonnance n’est pas une surprise mais c’est une réelle déception", réagit l'avocat du policier, Me Laurent-Franck Lienard, à Actu17. "Nous attendions une décision conforme au droit et courageuse, mais nous n’avons obtenu qu’un renvoi devant une cour d’assises exempt de sens. Nous allons immédiatement saisir la cour d’appel de Versailles".
Le second policier qui a participé à l'intervention a bénéficié
d'un non-lieu. Son avocate, Me Pauline Ragot, estime que "ce
non-lieu est logique : il vient entériner le fait que les
prétendues violences ou menaces de mort qui ont pu lui être
imputées sont tout simplement imaginaires. Mon client a toujours
été constant dans ses déclarations et sûr de la légitimité de son
intervention face à l’extrême dangerosité du conducteur ce
matin-là.
Il réaffirme son entier soutien à son collègue".
Le parquet de Nanterre avait indiqué dans ses réquisitions en mars qu'"outre les investigations réalisées au cours de l’enquête en flagrance (autopsie, analyses toxicologiques), celles-ci se sont poursuivies dans le cadre de l’instruction, donnant lieu notamment à l’audition des parents de la victime, à l’interrogatoire du second policier placé sous le statut de témoin assisté, à l’audition de témoins".
"Ont été également diligentées plusieurs commissions rogatoires, y compris à l’étranger, plusieurs expertises (balistique, modélisation 3D, accidentologie ou encore techniques sur des vidéos amateurs réalisées lors des faits). Les magistrats instructeurs ont procédé à une reconstitution réalisée le 5 mai 2024, amenant à des rapports complémentaires des experts notamment en balistique et en accidentologie, et enfin à deux confrontations organisées les 15 et 16 juillet 2024", avait également détaillé le parquet.
Dans un communiqué, le syndicat UNSA Police "exprime son désaccord après la décision des deux magistrats instructeurs de renvoyer notre collègue devant les assises pour homicide volontaire, donc meurtre". "Cette décision jette un trouble profond sur la capacité des forces de l’ordre à intervenir face aux menaces", estime l'organisation, qui "réaffirme son soutien indéfectible à Florian, et rappelle qu’une telle décision menace l’engagement quotidien de milliers de policiers".
«Je pense qu'il était de mon devoir d'empêcher qu’un drame arrive»
Aujourd'hui âgé de 40 ans, le policier en cause, affecté à la Compagnie territoriale de circulation et de sécurité routières des Hauts-de-Seine (CTCSR 92), a indiqué durant ses auditions qu'il "continue de penser que s'il [Nahel M.] avait obtempéré depuis le début et qu'il s’était stationné sur le bas-côté de la route, rien de tout cela ne serait arrivé", ajoutant être "bien évidemment peiné par sa mort".
"Je continue de dire que je me suis senti en danger et je pense que je l’ai été", a également déclaré le fonctionnaire. "Au moment de mon tir, pour moi, mon collègue avait encore les bras à l’intérieur du véhicule, nous étions face à un conducteur qui, quelques secondes avant, a manqué de percuter deux personnes. Je pense qu'il était de mon devoir d'empêcher qu’un drame arrive", a-t-il justifié. "C'est le seul moyen que j’avais à ma disposition pour stopper le véhicule".