Le mardi 26 décembre 2023 à 13:30
Une femme de 35 ans et ses quatre enfants de 10, 7, 4 ans et de 9 mois, ont été retrouvés morts, tués à l'arme blanche, au domicile familial à Meaux (Seine-et-Marne), ce lundi soir, comme l'a révélé Actu17. Les policiers ont interpellé le père de famille, auteur présumé du quintuple meurtre, à Sevran (Seine-Saint-Denis), ce mardi matin. Le procureur de la République de Meaux, Jean-Baptiste Bladier, est revenu sur cette atroce affaire lors d'une conférence de presse ce mardi matin, livrant de nouveaux éléments concernant cette enquête qui ne fait que de débuter.
Tout a débuté "peu avant 21 heures" lorsque des amis proches, des membres du voisinage, de la famille des victimes, "se sont manifestés aux services de police" car ils n'avaient plus de nouvelles de la famille, et qu'ils venaient de découvrir des traces de sang sur le palier. Les policiers du commissariat de Meaux, notamment ceux de la brigade anticriminalité (BAC), se sont immédiatement rendus sur les lieux. La porte d'entrée du logement était fermée, tout comme les volets roulants. Les forces de l'ordre ont réussi à pénétrer dans l'habitation en passant par une fenêtre. Ils ont alors fait la terrible découverte.
De très nombreux coups de couteau
Le procureur de la République décrit une scène "d'une très grande violence", indiquant que la mère de famille ainsi que ses deux fillettes de 10 ans et 7 ans, ont reçu de "très nombreux coups de couteau", autant sur la face avant du corps, que la face arrière. Des "lésions de défense" ont également été relevées. Les deux plus jeunes enfants, un garçon de 4 ans et un nourrisson né en mars, ne présentaient pas de blessures à l'arme blanche. Ils seraient morts étouffés. Une autopsie va être pratiquée ce mercredi à l'institut médico-légale (IML) de Paris, a précisé le magistrat. Les examens permettront de déterminer les causes exactes du décès des cinq victimes.
Cinq corps retrouvés à Meaux: "La mère et les deux fillettes ont été victimes d'un très grand nombre de coups de couteaux", affirme le procureur pic.twitter.com/AEX300QGaw
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Des cris entendus par les voisins
Lors des premières constatations dans l'appartement, situé au rez-de-chaussée, les policiers ont découvert des documents, notamment administratifs, pouvant évoquer un "internement de nature psychiatrique en 2017" du père et des "ordonnances médicales portant prescription de tranquillisants". Interrogés durant la nuit, les voisins ont indiqué avoir entendu "des cris dans la soirée du dimanche soir, vers 23 heures, ainsi que le 25 décembre vers 3 heures du matin". Ces derniers ne se sont pas inquiétés, étant donné que la mère de famille criait fréquemment après ses enfants.
Les enquêteurs ont ensuite exploité les images de vidéoprotections de l'immeuble des victimes et de la ville, qui leur ont permis d'apercevoir un homme, pouvant être le père, portant une casquette. Il a chuté à deux reprises, se blessant. Le suspect est ensuite monté dans une voiture à 20h56. Le véhicule a été retrouvé un peu plus tard à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), devant le domicile de son propriétaire, selon nos informations. Il s'agirait d'un chauffeur VTC.
Il a déclaré «savoir pourquoi il était en garde à vue»
Le suspect a ensuite été géolocalisé, grâce à son téléphone, à Sevran. Plusieurs dispositifs de police ont été mis en place afin d'arrêter rapidement le mis en cause. Il a été interpellé à 07h47 devant le domicile de son père, avant d'être placé en garde à vue. "Il n'a pas encore été entendu", a ajouté le magistrat. Lors de ses premières déclarations, au moment de la notification de sa garde à vue, l'homme a déclaré "savoir pourquoi il était en garde à vue", évoquant "son mal-être personnel et sa dépression". Il présentait des blessures importantes à la main et a été hospitalisé sous surveillance policière.
Le tueur présumé, né en avril 1990 à Colombes (Hauts-de-Seine), est de nationalité française et titulaire d'un certificat d'aptitude professionnelle (CAP) de plombier. Il avait fait l'objet d'une procédure pour violences avec un couteau sur la même victime, sa compagne, en novembre 2019, un mois et demi avant l'accouchement du troisième enfant du couple. La mère de famille s'était alors vu attribuer cinq jours d'incapacité totale de travail (ITT).
Un coup de couteau sur sa compagne en 2019
Lors de ses auditions, à l'époque des faits, la victime avait expliqué être en couple avec son compagnon depuis 14 ans, alors qu'ils se connaissaient depuis le lycée. "Elle évoquait un état dépressif ancien chez son conjoint, et qu'il avait interrompu son traitement depuis quelques temps", a précisé le procureur. Questionnée sur l'existence de violences, la mère a affirmé avoir "subi une gifle quand l'ainée était petite" (cette dernière est née en 2013, ndlr), puis "un autre épisode en 2017 durant lequel elle disait n'avoir subi aucune violence, mais que son conjoint avait tenté de se suicider". Une main courante avait été alors déposée. Puis, le 14 novembre 2019, le père de famille "s'était emparé des clefs de l'appartement" répétant : "tu ne comprends pas, tu ne comprends pas". "Armé d'un couteau dans la chambre conjugale, il affirmait vouloir se suicider", a détaillé le procureur. Il avait alors poignardé sa compagne alors que celle-ci venait de se retourner. Elle avait été touchée à l'omoplate.
Placé en garde à vue, le père avait fait l'objet d'un examen psychiatrique, qui avait fait apparaître un état de santé incompatible avec sa garde à vue. Il avait été hospitalisé d'office. A sa sortie de l'hôpital en janvier 2020, l'homme avait de nouveau été placé en garde à vue pour être interrogé. Il n'avait alors "pas contesté les faits", disant "aimer son épouse" et que le coup de couteau "est parti tout seul", qu'il l'avait touchée "sans faire exprès". Un deuxième examen psychiatrique avait révélé une pathologie psychotique et l'existence d'une abolition du discernement, qui avait conduit au classement sans suite de la procédure.
Cinq corps retrouvés à Meaux: le père de famille a été "hospitalisé en psychiatrie" en 2019, souligne le procureur de la République pic.twitter.com/rhwIhix1jB
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Le procureur de la République a indiqué qu'une information judiciaire allait être ouverte des chefs d'homicides volontaires sur mineurs de 15 ans et homicide volontaire par conjoint. Deux crimes pour lesquels le suspect "encourt la réclusion criminelle à perpétuité", a souligné Jean-Baptiste Bladier. Si l'enquête devait conclure à une altération du discernement, la peine encourue serait de 30 ans de réclusion criminelle. En cas d'abolition complète du discernement, la voie procédurale de la chambre de l'instruction serait alors en mesure de prononcer une mesure de sûreté envers le mis en cause.