13-Novembre : Un médecin de l'AP-HP tente de vendre la radio d’une blessée du Bataclan sous forme de NFT

Un chirurgien de l'hôpital Georges-Pompidou à Paris (XVe) a tenté de vendre en ligne une photo représentant la radio d’une patiente, victime des attentats du 13-Novembre, sous forme de NFT.
13-Novembre : Un médecin de l'AP-HP tente de vendre la radio d’une blessée du Bataclan sous forme de NFT
L'évacuation des victimes de l'attaque du Bataclan le 13 novembre 2015, boulevard Beaumarchais. (Aurelien Morissard/IP3 Press/Maxppp)
Par Actu17
Le dimanche 23 janvier 2022 à 17:47 - MAJ mardi 8 février 2022 à 18:23

C'est sur la plateforme OpenSea qu'un médecin de l'AP-HP a tenté de vendre un NFT révèle Mediapart. Il s'agit d'un objet numérique - souvent une image - auquel est rattaché une identité numérique et qui se vend en ligne selon l'offre et la demande, parfois à des sommes folles. Celui que ce chirurgien a mis en ligne représente la radio d'une victime des attentats du 13-Novembre qui a été blessée par balle au Bataclan. Sur cette image, on peut voir un avant-bras transpercé par une balle dont une partie est toujours présente.

Le chirurgien a pris soin de présenter son NFT. Il explique sur sa page "EmmanuelMasmejean Collection" que le soir des attaques du 13-Novembre « 41 [victimes] ont été adressés à notre centre, l’Hôpital européen universitaire Georges-Pompidou, et 22 nécessitant une intervention chirurgicale ont été hospitalisés ». « Du 14 novembre à 00h41 au 15 novembre à 01h10, 23 interventions chirurgicales ont été réalisées sur 22 blessés. Parmi ces patients, j’ai personnellement opéré 5 femmes, dont ce cas. Cette jeune patiente, qui a perdu son petit ami dans cette attaque, avait une fracture ouverte de l’avant-bras gauche avec une balle restante de Kalachnikov dans les tissus mous », décrit-il. Le praticien a mis en vente ce NFT au prix de 2 776,70 dollars, soit environ 2445 euros. Un tarif qui a ensuite été retiré.

"C’est peut-être une erreur" réagit le médecin

Contacté par Mediapart, le médecin aurait éclaté de rire avant de réagir : « Cette image, je ne l’ai pas vendue ! D’ailleurs, je ne suis pas sûr de la vendre ». Après avoir évoqué un geste « dans une vocation pédagogique, pour intéresser les gens », le principal concerné a avoué "regretter". « Cette expérience n’est pas concluante, cela ne me satisfait pas. D’un point de vue éthique, je me suis moi-même posé la question… Si vous voulez me faire dire que c’est une erreur, c’est peut-être une erreur. En plus, ça m’a coûté de l’argent, c’est complètement débile ! », a-t-il ajouté.

Il a également précisé qu'il n'avait pas demandé l'autorisation de la patiente, qui est identifiable au vu des informations qu'il a mises en description. Le NFT était toujours en ligne ce dimanche en fin de journée, sans le prix. Il faut plusieurs jours pour supprimer un produit sur OpenSea.

La justice va être saisie annonce Martin Hirsch

Le directeur général de L'Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsch, a réagi à cette affaire sur Twitter, en diffusant le mail qu'il a envoyé à l'ensemble du personnel. "Un tel comportement est indigne et heurte notre conception du service public", a-t-il écrit. « Un tel comportement odieux ne saurait salir une communauté hospitalière qui ne peut que se désolidariser de cet acte, le condamner avec la plus extrême fermeté et nous actionnerons toutes les voies de droit permettant d’en tirer les conséquences. »

"Nous allons, conjointement avec l'université, saisir le conseil de l'ordre, signaler à la justice en application à l'article 40 du code pénal, saisir les ministres qui disposent du pouvoir disciplinaire", ajoute Martin Hirsch.