Accusé de viol par deux femmes, le ministre des Solidarités Damien Abad «conteste avec la plus grande force»

Le parquet de Paris précise que deux plaintes ont été classées sans suite, mais qu'un signalement effectué ce vendredi est "en cours d'analyse". Les faits présumés remontent à 2010 et 2011.
Accusé de viol par deux femmes, le ministre des Solidarités Damien Abad «conteste avec la plus grande force»
Damien Abad, le 21 mai 2022 à Paris. (Sébastien Muylaert / Maxppp)
Par Actu17
Le dimanche 22 mai 2022 à 15:11

Le nouveau ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées, Damien Abad, 42 ans, est visé par des accusation de viol de la part de deux femmes révèle ce dimanche Mediapart. Des faits présumés qui se sont déroulés en 2010 et 2011 selon le récit des plaignantes. De son côté, le député qui était à la tête du groupe Les Républicains (LR) à l'Assemblée nationale, nie les faits.

La première victime qui est âgée aujourd'hui de 41 ans, raconte à nos confrères avoir rencontré Damien Abad au cours du mariage d'amis communs, le 7 août 2010 dans le nord de la France. A l'automne de cette même année, elle affirme avoir accepté de boire un verre avec ce dernier, qui siège alors au Conseil régional de Rhône-Alpes. Ils se voient dans un restaurant du XIe arrondissement de Paris. "Il propose du champagne, j’ai bu une coupe. Et là, black-out, jusqu’au lendemain matin. Ça ne m’était jamais arrivé, surtout pas après un seul verre", déclare la quadragénaire, à Mediapart. Elle affirme s'être réveillée "dans une chambre d’hôtel proche du bar (...) en sous-vêtements, (...) en état de choc et de dégoût profond". La plaignante estime qu'elle a été droguée.

La seconde plaignante a déposé une plainte pour viol en 2017 qui a été classée sans suite. Dans son récit à Mediapart, elle raconte avoir été abusée sexuellement par Damien Abad en 2009 alors qu'elle était âgée de 22 ans et qu'elle était vice-présidente des Jeunes démocrates à Paris. Après de nombreux échanges de SMS, elle a accepté de le rencontrer le 12 janvier 2011. Durant la soirée, la trentenaire explique qu'ils ont consommé du champagne et qu'il aurait "insisté" pour qu'elle boit. La jeune femme décrit ensuite un rapport sexuel durant lequel elle a subi une pénétration anale, qu'elle avait refusée. "Je lui ai dit qu’il se voyait dans un film porno. Il m’a dit d’être gentille et il continuait", a-t-elle assuré aux policiers lors de son audition dans les locaux des policiers du 1er district de police judiciaire (DPJ) de la préfecture de police de Paris.

Élisabeth Borne n'était «pas au courant»

La Première ministre Élisabeth Borne a réagi à ces accusations ce dimanche et a affirmé qu'elle n'était "pas au courant". "Bien évidemment je n'étais pas au courant, je vais être très claire sur ces sujets, il ne peut y avoir aucune impunité, il faut continuer à agir pour que les femmes victimes d'agressions ou de harcèlement puissent déposer plainte" a appuyé la nouvelle cheffe du gouvernement, en déplacement en Normandie. "Je n'ai pas plus d'éléments que l'affaire a été classée sans suite" a-t-elle précisé, ajoutant que "s'il y a de nouveaux éléments, que la justice est a nouveau saisie on tira toutes les conséquences de cette décision".

«Il ne m’est nullement possible d’imposer telle ou telle pratique»

Dans un communiqué, Damien Abad, qui est atteint d’une maladie congénitale, a lui aussi réagi et conteste fermement les faits : "Je conteste avec la plus grande force ces accusations de violences sexuelles. Je conteste avoir exercé quelque forme de contrainte que ce soit sur aucune femme. Je conteste enfin tout abus de pouvoir lié aux fonctions que j’ai occupées".

"Les relations sexuelles que j’ai pu avoir tout au long de ma vie ont toujours été mutuellement consenties", poursuit-il. "Ces accusations relatent des actes ou des gestes qui me sont tout simplement impossibles à raison de mon handicap. J’ai toujours été discret sur ce handicap, sur les contraintes qu’il m’impose, sur la façon dont il limite mes mouvements et mes gestes du quotidien. Je suis contraint aujourd’hui de préciser que, dans ma situation, l’acte sexuel ne peut survenir qu’avec l’assistance et la bienveillance de ma partenaire. Qu’il ne m’est nullement possible d’imposer telle ou telle pratique, tel ou tel geste. Que sans le consentement et la participation pleine et entière de l’autre, rien n’est possible. Quant aux propos rapportés qui insinuent que j’aurais pu droguer puis transporter, déshabiller et violer une femme inconsciente, ils sont tout simplement inconcevables et abjects".

Un signalement «en cours d'analyse»

Le parquet de Paris confirme à Actu17 ce dimanche avoir été destinataire, ce vendredi 20 mai, "d'un signalement émanant de l'observatoire des violences sexistes et sexuelles. Il est en cours d'analyse". En outre, une première plainte déposée "pour des faits de viol a été classée sans suite le 6 avril 2012 du fait de la carence de la plaignante". Une seconde plainte "déposée par la même plaignante pour les mêmes faits a été classée sans suite le 5 décembre 2017, après une enquête préliminaire, faute d'infraction suffisamment caractérisée".