Le mardi 1 septembre 2020 à 11:10
L'affaire est particulièrement sensible. Elle a débuté au mois de juin 2019, après le malaise d'une aide-soignante de l’hôpital Nord Franche-Comté situé à Trévenans (Territoire de Belfort). Ce jour-là, ses collègues qui ont ramassé son sac ont découvert des seringues prêtes à être utilisées, rapporte L'Est Républicain.
S'il s'est avéré que l'aide-soignante était simplement ivre, cette découverte suspecte a fait écho auprès du personnel. En effet, depuis des mois, plusieurs de ses collègues du service réanimation étaient touchés par un mal-être et victimes de somnolences inhabituelles.
« J’avais les jambes qui flageolaient. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. [...] Impossible de faire le moindre effort » a confié un membre du personnel au quotidien régional. Des médecins consultés par les victimes imaginaient alors que ces dernières souffraient de dépression ou encore d'accidents ischémiques transitoires, dont les symptômes sont comparables à un AVC.
Les personnels qui étaient atteints de ces maux mystérieux constataient toutefois qu'ils disparaissaient durant leurs congés. La découverte des seringues dans le sac de l'aide-soignante a été le déclencheur : leurs soupçons se sont immédiatement portés sur elle. Plusieurs de ses collègues ont alors décidé d'installer un smartphone dont l'objectif de la caméra était pointé vers le réfrigérateur de l'équipe.
L'aide-soignante aurait déclaré qu'il s'agissait d'« eau bénite »
Stupeur ! L'enregistrement est particulièrement compromettant pour les victimes : « On y voit une aide-soignante de notre équipe ouvrir nos bouteilles et y verser un liquide à l’aide d’une seringue », selon l'une d'entre elles citée par nos confrères, ajoutant : « Il paraît que lorsqu’elle a été interrogée, elle a dit que c’était de l’eau bénite pour nous protéger… ».
Visée par une dizaine de plaintes, la mise en cause qui était proche de la retraite a perdu son poste, puis a été exclue de la fonction publique. Dès le mois de septembre 2019, elle ne faisait plus partie du service réanimation de l'hôpital.
Les plaignants se disent sans nouvelles de la procédure
Les plaignants n'auraient toutefois pas de nouvelles de la procédure entamée depuis un an. « Aujourd’hui, c’est comme s’il ne s’était rien passé » dénonce une soignante, qui explique : « Nous n’arrivons pas à connaître les résultats [...] Il nous est répondu que la loi n’autorise pas que nous ayons cette information. On a vu un avocat qui a dit qu’il ne pouvait rien faire. Pourtant nos médecins traitants aimeraient connaître le nom du produit ». D'après cette plaignante, certains de ses collègues ont des problèmes de santé, et ne savent pas s'ils sont liés ou non à ces événements.
Pour eux, le produit serait un neuroleptique au vu des symptômes constatés. D'autant que l'aide-soignante, qui ne pouvait accéder à tous les médicaments, avait la possibilité de se procurer certains somnifères. Contacté par L'Est Républicain, le procureur de Belfort Eric Plantier n'a pas donné suite aux interrogations de nos confrères pour le moment, tout comme la direction de l'hôpital.