Camélia Jordana dénonce des violences policières et «le massacre d’hommes et de femmes pour leur couleur de peau»

La chanteuse et comédienne de 27 ans Camélia Jordana était l'invitée de l'émission « On n’est pas couché » sur France 2 ce samedi soir. La jeune femme a évoqué les violences policières, expliquant que "des hommes et des femmes", "se font massacrer quotidiennement (...) pour nulle autre raison que leur couleur de peau".
Camélia Jordana dénonce des violences policières et «le massacre d’hommes et de femmes pour leur couleur de peau»
Camélia Jordana dans le clip de sa chanson "Facile". (capture écran Youtube)
Par Actu17
Le dimanche 24 mai 2020 à 13:43 - MAJ dimanche 24 mai 2020 à 14:38

L'émission "On n'est pas couché" a fait sa rentrée ce samedi soir après dix semaines d'absence suite aux mesures de confinement. Laurent Ruquier, accompagné de Valérie Trierweiler et Philippe Besson ont reçu notamment la chanteuse Camélia Jordana dont les propos accusant la police ont fait réagir le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.

L'artiste de 27 ans s'est exprimée suite à une intervention de l'écrivain Philippe Besson : "C’est un grand classique chez nous c’est-à-dire qu’on applaudit les gens quand on en a besoin", a-t-il commencé.

"Je me souviens qu’après les attentats de Charlie Hebdo on applaudissait la police et maintenant on nous explique que tout le monde déteste la police. C’est extraordinaire ! Il faudrait savoir. Soit ces gens sont là pour nous protéger, sauver nos vies, il y a cinq ans, pourquoi ce seraient des salauds et des ordures aujourd’hui ?"

Camélia Jordana l'a alors interrompu : "Non pardon, là je ne peux pas rien dire. Il y a des hommes et des femmes qui se font massacrer quotidiennement, en France, tous les jours, pour nulle autre raison que leur couleur de peau. C’est l’une des raisons pour lesquelles les gens sont fâchés après la police".

"Il y a des milliers de personnes qui ne se sentent pas en sécurité face à un flic et j’en fais partie"

L'occasion pour Philippe Besson d'affirmer que "ces choses, peut-être récurrentes, restent malgré tout minoritaires". "95% des flics font bien leur boulot", a-t-il ajouté, "ces flics-là sont quand même là fondamentalement aussi pour nous protéger et assurer notre sécurité."

La chanteuse a alors surenchéri : "Mais il y a des milliers de personnes qui ne se sentent pas en sécurité face à un flic et j’en fais partie. Aujourd’hui, j’ai les cheveux défrisés, quand j’ai les cheveux frisés, je ne me sens pas en sécurité face à un flic en France, vraiment".

L'écrivain a répondu que les policiers étaient eux aussi attaqués. "Le combat est tel qu’on ne peut pas voir l’espèce de virgule qui serait l’arbre qui cacherait la forêt et qui permettrait de minimiser le combat dont il est question en fait", a poursuivi Camélia Jordana.

"S’ils n’étaient pas là, la situation serait bien pire !", a réagi Philippe Besson. "Je l’entends, je ne remets pas ça en question. Je suis simplement en train de vous dire que peut-être si certaines mesures étaient prises plutôt que d’avoir des non-lieux en permanence à chaque fois qu’un homme ou une femme, généralement ce sont des hommes qui se font tuer, noirs ou arabes ou simplement pas blancs", a rétorqué la chanteuse de 27 ans.

"Si on avait autre chose que ça comme image, peut-être que les flics ne seraient pas détestés"

La jeune femme a ensuite évoqué l'affaire Adama Traoré, un jeune homme de 24 ans décédé en juillet 2016 à Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise) après son interpellation par les gendarmes, qu'il avait tenté de fuir. "Si on avait autre chose que ça comme image, peut-être que les flics ne seraient pas détestés. C’est à prendre en compte, il faut arrêter d’ignorer ça, ce n’est pas possible", a-t-elle insisté.

"Il y a des hommes noirs et des femmes noires, il y a des hommes arabes et des femmes arabes qui se font contrôler quotidiennement, qui se font fracasser aujourd’hui en confinement, ce n’est pas acceptable. On est en 2020 quoi !", a dénoncé l'artiste révélée par la Nouvelle Star en 2009.

"Ces propos mensongers et honteux alimentent la haine et la violence" réagit Christophe Castaner

Des propos qui ont fait vivement réagir les internautes sur les réseaux sociaux, mais également le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, sur Twitter.

« Non madame, "les hommes et les femmes qui vont travailler tous les matins en banlieue" ne se font pas "massacrer pour nulle autre raison que leur couleur de peau" », a écrit le ministre. "Ces propos mensongers et honteux alimentent la haine et la violence. Ils appellent une condamnation sans réserve", a-t-il ajouté.

Le syndicat de police Alliance saisit le procureur de la République

Le syndicat Alliance Police Nationale a de son côté annoncé avoir saisi le procureur de la République, évoquant des "propos scandaleux et inqualifiables". "Quant au présentateur de l’émission Laurent Ruquier : qui ne dit mot consent : c’est pire !", peut-on lire dans le communiqué de l'organisation syndicale.