«Éliminez ces traîtres» : la policière Linda Kebbab porte plainte contre le groupe de rap «13 Block»

La déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police FO a déposé plainte contre le groupe de rap "13 Block", originaire de Sevran (Seine-Saint-Denis). Dans l'une de ses chansons, le groupe appelle notamment à "éliminer" des "traitres", après avoir cité le prénom de la policière.
«Éliminez ces traîtres» : la policière Linda Kebbab porte plainte contre le groupe de rap «13 Block»
La déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police FO, Linda Kebbab, le 17 décembre 2020. (photo Alexandre Marchi/PhotoPQR/Maxppp)
Par Actu17
Le jeudi 27 mai 2021 à 12:47 - MAJ jeudi 27 mai 2021 à 12:59

C'est par l'intermédiaire de son avocat, Me Thibault De Montbrial, que la policière et syndicaliste Linda Kebbab a déposé plainte contre le groupe de rap "13 Block". Une plainte du chef de "provocation d'atteinte à la vie" qui fait suite aux paroles de la chanson "Traitres" du groupe, présente dans leur dernier album "BLO II" sorti en novembre dernier.

Dans cette chanson, les quatre rappeurs déclarent : "T’as dû entendre les polémiques, le ministère et le chef des flics, "Fuck le 17" est de sortie, un nouveau son pour les médias. Sept mois de retard, ça m’fait golri (rire en verlan, ndlr), c’est qui les criminels ? C'est nous. Pourtant les tueurs sont l’Asie. Fuck Linda (un bip masque ensuite volontairement le nom de famille), fuck Zineb El (nouveau bip)". Puis, quelques secondes après : "Éliminez ces tetrai (traîtres en verlan, ndlr), j'élimine ces tetrai".

"La liberté d'expression ce n'est pas un appel au meurtre"

Des paroles prises au sérieux par Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police FO, devenue une figure du syndicalisme policier ces dernières années, que nous avons interrogée. "Nous sommes dans un état de droit dans lequel les autorités ne sont pas en mesure de protéger les habitants", déplore-t-elle. "Je suis l'illustration de cette impossibilité. C'est faux de croire qu'on est en sécurité en France : on peut librement appeler à éliminer quelqu'un".

"Je suis visée à cause de l'association entre mes origines et ma profession. La liberté d'expression ne permet pas tout, la liberté d'expression ce n'est pas un appel au meurtre", poursuit la policière. "Tout ceci est dans la continuité de l'expression « arabe de service », car je suis pour ces personnes, assimilée à une traitre" ajoute-t-elle, en faisant référence aux propos tenus par le journaliste et militant Taha Bouhafs sur Twitter, l'an passé. Dans cette affaire, la syndicaliste a déposé plainte et un procès se tiendra le 9 juin prochain au tribunal correctionnel de Paris.

"Je milite syndicalement, je ne gagne rien à le faire en tant que flic. Je le fais malgré tout et tout ça me vaut un appel au meurtre. Je trouve ça choquant. L'État est dépassé par les discours de haine et impuissant à protéger des agents et des lanceurs d'alerte", s'indigne Linda Kebbab.