Le jeudi 7 juillet 2022 à 17:36 - MAJ vendredi 8 juillet 2022 à 16:13
Pour les automobilistes qui se trouvaient sur la départementale 988, dans le sens Gometz-la-Ville-Limours, vers 8 heures, le 9 mai dernier, la scène est gravée à jamais dans leur mémoire. Les gendarmes du secteur n’ont pu, eux, que constater les dégâts.
Un motard, encore conscient, gît au sol. Il lui manque une partie de sa jambe gauche. Une automobiliste qui a assisté au terrible accident s’est aussitôt portée à son secours. Devant son état, elle a eu le réflexe de demander une ceinture à d’autres motards présents afin de réaliser un garrot sur le membre arraché. La victime lui doit probablement la vie.
Sa moto, une Honda CB 1000R, est broyée dans un fossé. Une Renault Twingo, arrêtée sur la chaussée, a le pare-brise étoilé et la tôle froissée. Sa conductrice est sous le choc. C’est sur son véhicule que le motard a été projeté après avoir été percuté de plein fouet par le conducteur d’une Renault Mégane Break qui était en train de rouler à très vive allure. La partie mutilée de sa jambe a été retrouvée à 22 mètres du lieu de collision.
L’automobiliste à l’origine de cet effroyable accident a, lui, poursuivi sa route sur 300 mètres alors que la roue avant gauche de sa voiture est manquante. A l’arrivée des gendarmes, le véhicule, abandonné sur rond-point, est vide de tout occupant. Son conducteur a causé un second accident. Mais sans blessé cette fois-ci. Un témoin de la scène conduit les pandores à une station-service toute proche, dans le centre-ville de Limours, où Semba D., 24 ans, est rapidement interpellé. Il est en possession de deux téléphones portables, d’une paire de chaussures de marque Louboutin et d’une sacoche Gucci.
«Je roulais comme un con, comme un fou»
Placé en garde à vue, Il est soumis à un test de dépistage alcoolique et de stupéfiants. Il s’avère que son taux d’alcool est de 0,72 mg/l d’air expiré, soit 1,4 gramme par litre de sang. Aucune trace de drogue n’a été retrouvée dans son organisme. Tandis que son audition débute, la victime a été transportée à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière à Paris et son pronostic vital est engagé.
Devant les gendarmes, Semba D. ment en expliquant qu’il dormait et qu’il ne conduisait pas la Renault Mégane à l’origine de l’accident. Cette voiture n’est d’ailleurs pas à son nom. Avant de reconnaître les faits. "Je roulais comme un con, comme un fou", concède-t-il. "Je faisais des appels de phares, les gens se déportaient". Des déclarations notamment confirmées par les images des caméras de vidéosurveillance d’un tunnel de la Nationale 118 empruntée par le chauffard et sur lesquelles on distingue la Renault Mégane emprunter la bande d’arrêt d’urgence et rouler aussi au milieu des voies.
Semba D. poursuit son récit en expliquant qu’il a passé "la soirée dans un restaurant à Paris avec des amis" et "consommé de la vodka", avant de s’endormir dans sa voiture. Au petit matin, il a pris le chemin du domicile de la mère de son fils. "Je voulais voir mon fils" a-t-il répété, à plusieurs reprises, sans que cela puisse expliquer son comportement au volant.
Dix plaintes
Informé que le motard qu’il a percuté notamment d’un choc thoracique, de multiples fractures et s’est vu amputer d’une jambe, le chauffard semble affecter. "C’est triste, il n’a rien demandé suite à une bêtise que j’ai commise. Il ne retrouvera pas sa vie normale. Je suis sincèrement désolé, il ne méritait pas ça. J’aurais préféré que ce soit moi qui ai ces blessures", lâche Semba D. "J’ai fait une grosse connerie, je suis désolé. On ne devrait pas prendre le volant quand on boit. Le pire est que je ne bois jamais. Je voulais voir mon fils. J’ai commis l’irréparable. Je donnerais tout pour revenir en arrière". Dix automobilistes qui ont croisé sa route ont décidé de porter plainte contre lui.
Finalement mis en examen pour des faits de "blessures involontaires avec incapacité supérieure à 3 mois" et "mise en danger de la vie d’autrui", Semba D., domicilié à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), a été placé en détention provisoire.
Son avocat, Me Manuel Abitbol, nous a fait savoir que : "Les conséquences sont effectivement désastreuses. Il n’a pas mesuré le danger potentiel au moment de prendre le volant. Il regrette profondément ce qu’il a fait et souffre de remords en détention".