Italie : Saisie record de 14 tonnes de captagon dite «drogue du Djihad» produite en Syrie par l’État islamique

À l'origine de cette découverte, la Guardia di Finanza italienne a affirmé qu'il s'agit de « la plus grande saisie d'amphétamines au niveau mondial ».
Italie : Saisie record de 14 tonnes de captagon dite «drogue du Djihad» produite en Syrie par l’État islamique
Il s’agit de « la plus grande saisie d’amphétamines au niveau mondial », indique la police italienne après la saisie de 14 tonnes de captagon. (capture vidéo Guardia di Finanza)
Par Actu17
Le mercredi 1 juillet 2020 à 16:03

Pas moins de 14 tonnes d'amphétamines, sous la forme de 84 millions de comprimés de captagon, ont été saisies par les autorités italiennes. La Guardia di Finanza a découvert ce chargement illicite sur le port de Salerne au sud de Naples (Italie), ce mercredi. Le produit stupéfiant, surnommé « drogue du Djihad », est fabriqué en Syrie par le groupe État islamique (EI).

Cette saisie record a une valeur marchande d'un milliard d'euros. Les comprimés étaient dissimulés dans trois conteneurs, rapporte La Repubblica. Ils abritaient des cylindres de papier à usage industriel et des machines, révèle l'enquête diligentée par le parquet de Naples.

Ces cylindres de papier en multi-couches, mesurent 2 mètres de haut et ont un diamètre de 1,40 mètre. Ils seraient probablement fabriqués en Allemagne. Chacun d'eux dissimulait en leur sein environ 350 kg de comprimés disposés dans les couches intérieures, comme le montre une vidéo publiée par les autorités sur Twitter.

Cette technique permet aux trafiquants de rendre la marchandise indétectable par un scanner. Les comprimés supportent le symbole « captagon », un médicament classé comme produit stupéfiant.

« On sait que l’État islamique finance ses propres activités terroristes surtout par le trafic de drogue synthétique produite en Syrie, qui pour cette raison est devenue ces dernières années le premier producteur mondial d'amphétamines », indique un communiqué de la police. Ce pays subit une guerre civile depuis 2011 et il est devenu un exportateur et consommateur majeur de cette drogue.

La crise sanitaire a modifié les habitudes des trafiquants

Il est fort probable que la pandémie de coronavirus, ainsi que les mesures sanitaires drastiques qui en ont découlé, ont freiné voire bloqué la production et la distribution de drogues de synthèse sur le territoire européen. C'est ainsi que des trafiquants ont opté pour une importation massive depuis la Syrie.

À peine deux semaines avant cette saisie historique, le même service d'enquête de Naples, spécialisé dans le crime organisé, avait intercepté un conteneur de vêtements de contrefaçon. À l'intérieur, les agents avaient découvert la présence de 2 800 kg de haschisch et 190 kg d'amphétamines sous la forme de plus d'un million de pilules marquées « captagon ».

La drogue des terroristes islamistes

Vendu dans tout le Moyen-Orient, le captagon « est très répandu chez les combattants pour inhiber la peur et la douleur », a précisé la police italienne. Dans les années 90, cette drogue était produite au Liban et vendue en Arabie Saoudite. Elle a été découverte à maintes reprises dans des planques de terroristes, comme ceux à l'origine des attentats de 2015 à Paris.

L'année dernière, les autorités grecques ont saisi 5,25 tonnes de comprimés de captagon, dissimulées dans trois conteneurs en provenance de Syrie, pour un total de 33 millions de cachets. Cette découverte représente plus de 500 millions d'euros sur le marché parallèle.

En Italie à la fin de l'année 2017, les autorités avaient déjà travaillé sur un trafic organisé par l’État islamique et avaient saisi des millions de pastilles de tramadol. La valeur marchande de cette autre drogue synthétique atteignait les 50 millions d'euros.