Le mardi 28 septembre 2021 à 14:03 - MAJ mardi 28 septembre 2021 à 16:21
"ADS : Arabe de service". C'est par ces mots que le journaliste et militant Taha Bouhafs avait réagi à un tweet de Linda Kebbab, la déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police FO, en juin 2020.
Le journaliste antiraciste franco-algérien de 24 ans qui travaille notamment pour Le Média, un site d'actualité lancé en 2018, proche de La France insoumise (LFI), a été reconnu coupable par la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, d'injure publique à raison de l'origine. La juridiction a estimé que ce message du prévenu constitue « un propos outrageant et méprisant » envers Linda Kebbab.
Ce dernier a été condamné à une amende de 1500 euros et devra également verser 2000 euros à la victime, Linda Kebbab, au titre des dommages et intérêts.
"Je verserai l’intégralité de cette somme à des œuvres sociales pour les familles de policiers", réagit-elle, précisant qu'elle n'avait pas réclamé de dommages et intérêts lors du procès qui s'est tenu le 9 juin dernier.
0 argument et trop de haine en lui = injure publique à caractère raciste, de la part d’un journaliste.
Raciste et pas courageux, il m’a bloquée.
Assez de ses incitations à la haine, de ses mensonges et manipulations.
JE DÉPOSE PLAINTE pic.twitter.com/l0OGMKcNSW— Linda Kebbab (@LindaKebbab) June 3, 2020
"Ainsi, Bouhafs fera une bonne chose de son argent, une fois dans sa vie. Puissent les jeunes qui le suivent ouvrir les yeux sur le mal qu’il est", poursuit Linda Kebbab sur Twitter. "Je ne serai jamais une arabe de service".
réclamés. Je les verserai ENTIÈREMENT à des œuvres sociales pour des familles de policiers. Ainsi, Bouhafs fera une bonne chose de son argent, une fois dans sa vie.
Puissent les jeunes qui le suivent ouvrir les yeux sur le mal qu’il est.Je ne serai jamais une arabe de service.
— Linda Kebbab (@LindaKebbab) September 28, 2021
Hâte de me rendre sur la tombe de mes parents en Algérie. Et leur raconter que leur fille jouit bien des MÊMES droits que tous les citoyens. Ceux dont ils avaient été privés parce qu’autrefois indigènes.
JE SUIS FRANÇAISE, ACTRICE DE LA CITÉ, POLICIÈRE.
Merci @MontbrialAvocat.
— Linda Kebbab (@LindaKebbab) September 28, 2021
"Je n’ai eu ni protection fonctionnelle, ni aucun soutien de la préfecture de police"
"Je ne salue pas les responsables politiques, notamment à
gauche - dont j’attendais qu’ils se positionnent peut être plus que
les autres - qui ont refusé de dénoncer les propos de Bouhafs. Ils
ont fait l’autruche alors qu’ils savaient", avance Linda
Kebbab. "Leur lâcheté ne les honore pas. Ni eux ni le camps de
la pensée universaliste qu’ils prétendent défendre.
Quant à ceux de La France insoumise qui se sont fourvoyés, sans
commentaire".
"Et un dernier mot à mon administration : je n’ai eu ni protection fonctionnelle, ni aucun soutien de la préfecture de police dont je dépends", déplore la policière. "C’est cette administration malade de vouloir faire taire les lanceurs d’alerte dont je fais partie, qui est la première responsable de donner de l’eau à ceux qui exècrent l’institution policière. Un peu de courage ne fait jamais de mal messieurs les directeurs et préfets, surtout quand on porte un uniforme".
"Je fais appel de cette décision" annonce Taha Bouhafs
De son côté, Taha Bouhafs a annoncé dans l'après-midi qu'il allait faire appel de cette décision de justice. "Personne n’est dupe, cette décision de justice a première vue ridicule est éminemment politique, elle répond à un travail acharné de l’extrême droite pour renverser la définition même du racisme et la retourner contre les antiracistes", écrit-il sur Twitter.
Évidemment je fais appel de cette décision. Ce n’est que le début d’un long marathon politico-judiciaire.
De mon côté je suis très serein, cet acharnement est plutôt un bon indicateur de leur fébrilité.
— Taha Bouhafs (@T_Bouhafs) September 28, 2021