Le rabbin d’Orléans agressé en pleine rue, un mineur de 16 ans interpellé, ce que l'on sait

Le rabbin d'Orléans, Arié Engelberg, a été violemment agressé samedi alors qu'il rentrait de la synagogue avec son fils de 9 ans. Un suspect de 16 ans a été interpellé et placé en garde à vue. L'agression a suscité une large vague d'indignation.
Le rabbin d’Orléans agressé en pleine rue, un mineur de 16 ans interpellé, ce que l'on sait
Le rabbin d'Orléans, Arié Engelberg, a été agressé en pleine rue, samedi 22 mars 2025 à 13h30. (capture écran vidéo)
Par La Rédaction
Le lundi 24 mars 2025 à 00:46

Le rabbin d'Orléans, Arié Engelberg, a été agressé samedi 22 mars 2025, alors qu'il rentrait de la synagogue en compagnie de son fils de 9 ans. L’agression s’est produite vers 13h30. Selon son témoignage sur BFMTV, l’agresseur lui a demandé s’il était juif. "J’ai répondu 'oui'", a déclaré Arié Engelberg. "Il a commencé à dire 'tous les juifs sont des fils de…'". L’agresseur aurait tenté de le filmer avec son téléphone, l’insultant par la même occasion. "J’ai décidé d’agir et j’ai poussé son téléphone", a-t-il précisé. Le jeune homme a alors porté des coups, auxquels Arié Engelberg a tenté de se protéger, avant d’être mordu à l’épaule. "Grâce à Dieu, je vais bien ; mon fils, ça va de mieux en mieux. On a reçu énormément de soutien", a ajouté le rabbin.

"J’ai vu plusieurs coups, au moins trois ou quatre et assez violents", a raconté un témoin à BFMTV. L'homme a également décrit l’état du rabbin : "Il avait un petit peu de sang au niveau du cou, il était choqué, ça avait été violent. (...) J’ai tout de suite compris que c’était antisémite quand j’ai vu l’agresseur mettre un coup de pied (…) dans le chapeau du rabbin". Selon lui, "tout le monde était un peu sidéré" mais des personnes présentes ont aidé le rabbin et son fils.

L'agression a été filmée par une automobiliste qui a publié ses images sur les réseaux sociaux. Sur cette courte vidéo, on aperçoit le suspect qui porte des coups de poing au visage de la victime, tandis qu'un passant intervient et met en fuite l'agresseur.

La procureure de la République d'Orléans, Emmanuelle Bochenek-Puren, a annoncé l’ouverture d’une enquête pour "violences volontaires commises en raison de l’appartenance réelle ou supposée de la victime à une religion". Le suspect, un adolescent de 16 ans, a été interpellé samedi vers 21h45 par des policiers de la brigade anticriminalité (BAC) et placé en garde à vue. "L’identité de la personne gardée à vue n’est pas établie de manière certaine à ce stade et est en cours de vérification", a précisé la procureure, soulignant que l’adolescent "a déclaré une identité sans être porteur des documents qui l’établissent". D’après une source proche du dossier, le suspect a été identifié par la victime et est connu sous "au moins trois identités, une marocaine et deux palestiniennes".

"Nous sommes effarés, scandalisés", a réagi Joëlle Gellert, présidente de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) dans le Loiret. Elle a rappelé que "le racisme pas une opinion mais un délit" et annoncé que la LICRA se constituerait partie civile dans la procédure judiciaire. Elle a également précisé qu’"une réflexion est déjà en cours pour 's’indigner' contre cet acte".

Le président de la République Emmanuel Macron a réagi sur X

L’agression a suscité de nombreuses réactions politiques. Le président de la République, Emmanuel Macron, s'est exprimé sur X : "L’agression du rabbin Arié Engelberg à Orléans nous choque tous. Je lui adresse, ainsi qu’à son fils et à tous nos compatriotes de confession juive, tout mon soutien et celui de la nation. L’antisémitisme est un poison. Nous ne céderons ni au silence ni à l’inaction". Le ministre de la justice, Gérald Darmanin, a également condamné cet acte antisémite sur BFMTV, affirmant qu’il "démontre que nos compatriotes juifs sont très menacés, partout dans le monde et bien sûr en France". Il a ajouté qu'"il faut aussi que les hommes et les femmes politiques, quels qu’ils soient, arrêtent avec l’ambiguïté" sur l’antisémitisme, en ciblant particulièrement "les dirigeants de La France insoumise".

Manuel Bompard, chef de file de La France insoumise (LFI), a condamné sur X "l’agression violente du rabbin d’Orléans", la qualifiant d’"insupportable" et appelant à "plus que jamais [s’unir] pour combattre l’antisémitisme et tous les racismes". Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN), a de son côté dénoncé une "nouvelle manifestation de la fièvre antisémite qui monte dans notre pays, alimentée par une extrême gauche incendiaire".

Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Yonathan Arfi, a réagi dès samedi soir sur X : "Non, l’antisémitisme n’est pas 'résiduel'. Ceux qui minimisent, relativisent ou justifient la haine des juifs par un conflit à 4 000 kilomètres portent une immense responsabilité".

Le ministre des affaires étrangères israélien, Gideon Saar, a dénoncé sur X "une attaque infâme et un acte intolérable". "La résurgence de l’antisémitisme en France et en Europe n’est pas seulement alarmante, mais c’est un appel à agir pour les gouvernements et les dirigeants européens ainsi que la société civile", a-t-il ajouté.

Environ 300 personnes se sont rassemblées dimanche en fin de journée place de la Bastille à Paris à l’appel de l’Union des étudiants juifs de France et de l’Union des lycéens juifs de France.

Selon le ministère de l’Intérieur, 1570 actes antisémites ont été recensés en France en 2024, représentant 62% des actes antireligieux, dont 63% d’atteintes à la personne. Le CRIF avait qualifié ce niveau d’attaques d’"historique" pour la deuxième année consécutive, soulignant une "explosion" après l’attaque menée par le Hamas en Israël le 7 octobre.