Montpellier : Soupçonnée de trafic de drogue, une locataire de 94 ans expulsée de son logement social

Une femme de 94 ans a été expulsée de son logement social à Montpellier (Hérault) en raison d'un trafic de drogue qui se déroulait dans l'immeuble. La justice a estimé que sa famille était impliquée dans ces activités illicites, malgré les dénégations des proches de la nonagénaire.
Montpellier : Soupçonnée de trafic de drogue, une locataire de 94 ans expulsée de son logement social
Illustration. (Henry St John / Shutterstock)
Par La Rédaction
Le vendredi 25 octobre 2024 à 18:49

Aïcha, 94 ans, a été expulsée ce jeudi matin de l’appartement qu’elle occupait depuis 23 ans, dans le quartier Croix-d’Argent, à Montpellier (Hérault). Selon la justice et son bailleur social, ACM Habitat, son logement servait de point de rassemblement pour un trafic de stupéfiants, ce que dément sa famille, indignée par cette décision.

L’affaire a commencé en mai dernier, lorsque le tribunal judiciaire de Montpellier a rendu une décision en faveur d'ACM Habitat, indique France 3. Ce jugement autorisait l'expulsion de la locataire en raison de l'implication présumée de membres de sa famille dans un trafic de drogue se déroulant dans les parties communes de l'immeuble et des logements voisins. D’après des témoignages recueillis par les enquêteurs, le hall de l'immeuble et deux appartements attenants étaient utilisés comme lieux d’activités illicites, malgré l’âge avancé de la locataire.

La mise en application de la décision judiciaire a été exécutée ce jeudi 24 octobre à 06h50. Selon Hafida, fille de la nonagénaire, les moyens déployés pour cette expulsion étaient disproportionnés. "Ils étaient au moins 40 pour faire cela, on dirait qu’on est Pablo Escobar !", s’indigne-t-elle. Elle assure que ni elle, ni ses frères et sœurs n’ont participé à un trafic de drogue, précisant : "On a été frappés et menacés par d’autres, on a même porté plainte plusieurs fois à la police". La veille de l’expulsion, le 23 octobre, la famille, appuyée par une vingtaine de voisins, a manifesté devant les locaux d'ACM Habitat pour exiger le relogement de "la mamie". Malgré cette mobilisation, l’expulsion a eu lieu dans un contexte de sécurité renforcée.

Le juge a «retenu l’existence d’un trafic de stupéfiants qui se déroule dans l’appartement de la locataire»

Alain Braun, directeur d’ACM Habitat, a tenu une conférence de presse le jour même pour expliquer cette procédure. Il a justifié la présence importante des forces de l'ordre et de pompiers lors de l’intervention : "C’est une affaire sensible avec un risque avéré lors de l’expulsion pour les résidents comme pour la famille, car le hall de l’immeuble avait été imbibé en partie d’essence, ce matin".

Le directeur a insisté sur la nécessité de cette décision, rappelant qu’elle ne reposait pas uniquement sur la volonté du bailleur, mais sur "l’application d’une décision de justice en date du 23 mai 2024". Selon Alain Braun, le juge a "retenu l’existence d’un trafic de stupéfiants qui se déroule dans l’appartement de la locataire, mais aussi dans les garages et également dans le hall de l’immeuble". Ce dernier aurait estimé que le niveau de nuisances et d'insécurité pour les autres résidents était "intolérable", ce qui a motivé l’expulsion sans délai de la locataire. "Le juge a décidé d’expulser la locataire parce qu’elle ne pouvait pas ignorer le trafic qui est commis par les personnes qu’elle accueille chez elle dans la résidence", a-t-il ajouté.

Face aux nombreuses plaintes reçues de la part des locataires, ACM Habitat a également pris des mesures préventives en condamnant les 17 garages de l’immeuble pour freiner le trafic. Selon Alain Braun, cette situation a poussé certains résidents des étages supérieurs à quitter leur logement.

François-Xavier Lauch, préfet de l’Hérault, a exprimé son soutien à cette expulsion, affirmant qu’elle "envoie un message clair et sans ambiguïté. Faire de son appartement un lieu de stockage de la drogue, un point d’accueil des dealers et guetteurs, revient à participer et concourir à la pérennisation du trafic de stupéfiants". Dans un message publié sur son compte X, il a ajouté soutenir la fermeté de l’action d'ACM Habitat. La nonagénaire est, pour l'instant, logée temporairement dans un hôtel, en attendant qu'une solution de logement pérenne soit trouvée.