Nouvelle nuit de violences urbaines en Martinique, sept policiers blessés par des tirs à Fort-de-France

Des violences urbaines ont éclaté dans la nuit de lundi à mardi à Fort-de-France (Martinique), faisant sept blessés parmi les policiers, visés par des tirs. Les forces de l’ordre ont également été la cible de jets de projectiles alors qu’elles tentaient de lever des barricades. La préfecture a lancé un appel "au calme et à la responsabilité".
Nouvelle nuit de violences urbaines en Martinique, sept policiers blessés par des tirs à Fort-de-France
Des violences urbaines ont éclaté à Fort-de-France (Martinique) dans la nuit de lundi à mardi. Un véhicule de la BAC (à gauche) a été impacté par un tir de Brennek. (A17/DR)
Par La Rédaction
Le mardi 17 septembre 2024 à 20:33

D'importantes violences urbaines ont éclaté à Fort-de-France (Martinique) dans la nuit de lundi à mardi. Sept policiers ont été blessés par des tirs, selon des sources policières.

Les violences urbaines ont débuté vers 19 heures selon une source policière. Des groupes d'individus ont installé des barricades avec des palettes et des pneus, sur des axes routiers, notamment dans le quartier sensible Sainte-Thérèse. Un véhicule a également été incendié et poussé par les émeutiers. Les violences ont duré une grande partie de la nuit. "Des individus munis d'armes longues ont été aperçus à plusieurs reprises", souligne la même source.

Sur le port de Fort-de-France, des conteneurs ont été ouverts et pillés, rapporte RCI. "Dans un des conteneurs, il y avait une moto. Ils sont partis avec. Il y avait une voiture au fond mais ils sont montés dessus. Ils ont cassé la vitre du camion pour prendre de l'argent dedans", décrit un employé interrogé par nos confrères. "Ils ont abîmé toutes les voitures qui étaient là". Un magasin de Duty Free a également été pillé vers 01h30 sur le quai des Tourelles, selon nos informations.

Près de 300 grenades lacrymogènes utilisées

Les policiers et les gendarmes ont été visés par de nombreux jets de projectiles et cocktails Molotov durant leurs différentes interventions pour lever les barrages. "Les forces de l'ordre ont été également la cible de tirs à une vingtaine de reprises au cours de la nuit", expose une deuxième source policière. "Ils ont répliqué par des dizaines de grenades lacrymogènes et des tirs de lanceurs de balle de défense (LBD), mais également avec leur fusil HK G36 à deux reprises quand ils étaient visés par des tirs et qu'il n'y avait pas d'autre choix pour leur sécurité". Les sept policiers ont été blessés par des tirs de chevrotine, précise cette source. Leur pronostic vital n'est pas engagé. Un véhicule de la brigade anticriminalité (BAC) a également essuyé des tirs de Brennek (notre photo). Deux suspects ont été interpellés et un homme a été admis à l'hôpital peu avant 4 heures du matin, alors qu'il présentait une blessure par balle dont on ne connaît pas l'origine.

Dans un communiqué, la préfecture lance un appel "au calme et à la responsabilité". "Plusieurs dizaines de tirs d'armes à feu ont pris les forces de sécurité intérieure pour cible, provoquant six blessés parmi les policiers. Deux individus ont été interpellés", précise-t-on.

Au total, une trentaine de policiers ont été engagés, dont plusieurs de l'antenne du RAID, ainsi que 45 gendarmes mobiles. "Près de 300 grenades lacrymogènes ont été utilisées pour ramener le calme, alors que la situation devenait extrêmement tendue, en plus d'une soixantaine de tirs de LBD", selon la même source.

Déjà des tirs sur les policiers début septembre

Des violences urbaines avaient éclaté dans la nuit du 2 au 3 septembre dernier. Six policiers avaient été blessés par balle. Deux suspects avaient ouvert le feu sur le commissariat de Fort-de-France dans la nuit du 6 au 7 septembre, sans faire de victime.

Ces violences surviennent alors que des hypermarchés ont été bloqués le week-end dernier à l’appel du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro caribéennes (RPPRAC). Le collectif a réclamé les entreprises de grande distribution martiniquaise d'aligner leurs prix sur ceux pratiqués dans les commerces de métropole, et a appelé à bloquer l'île d'environ 360 000 habitants jusqu’à ce que la transparence soit faite sur les négociations en cours.

«La République ne doit pas accepter une telle banalisation de la violence»

"Une fois encore, la Martinique est le théâtre d’extrêmes violences urbaines, en lien cette fois-ci, avec une farouche opposition à la vie chère", déplore Cédric Boyer, délégué national Drom-Com du syndicat Alliance Police Nationale, à Actu17. "Des barrages se sont formés de nuit depuis quelques jours, plusieurs véhicules et biens publics ont été brûlés. Sept policiers ont été blessés par des tirs de chevrotine et Alliance Police Nationale leur apporte tout son soutien dans ces moments difficiles. Comme bien trop souvent, des individus profitent d’une situation pour semer le chaos et veulent en découdre avec les autorités, en utilisant une violence inouïe, puisque ces derniers n’hésitent plus à tirer à balle réelle sur nos collègues".

"Nous dénonçons, avec la plus grande fermeté, ses crimes envers nos policiers qui mettent chaque jour leur vie en danger pour tenter de préserver la paix", poursuit Cédric Boyer. "Il va falloir rapidement une réaction étatique car la République ne doit pas accepter une telle banalisation de la violence. Les outremers ont besoin d’une vraie politique sécuritaire et notre organisation veillera à ce que nos collègues puissent travailler en toute sécurité, face à ce fléau qui gangrène la Martinique et plus largement nos outremers".