Le dimanche 3 février 2019 à 19:37
La vidéo a été partagée des milliers de fois sur les réseaux sociaux. Elle est pour le moins surprenante.
Sur ces images, on aperçoit un policier en civil qui porte son brassard professionnel, et qui souhaite entrer dans la boulangerie Maison Landemaine, située au 180 rue du temple, à quelques pas de la place de la République à Paris (IIIe). Les faits se déroulent durant la manifestation des Gilets jaunes ce samedi 2 Février.
Mais la situation ne se passe pas du tout comme prévue. À l'entrée, un homme explique au policier que l'accès de la boulangerie n'est pas possible aux personnes armées. "Je ne veux pas d'emmerde" explique-t-il notamment, alors que ses paroles ne sont pas entièrement audibles sur cette courte vidéo diffusée initialement sur Facebook.
"J'ai une arme là ?" demande le fonctionnaire qui n'a pas d'arme en main ou visible. "Je ne sais pas, je vous préviens juste, je ne veux pas d'arme" lance son interlocuteur.
S'ensuit un échange de quelques phrases. "C'est bon on peut passer ?" dit le policier. "Si vous n'avez pas d'arme, c'est bon". Visiblement mécontent de l'accueil qui lui est réservé, le fonctionnaire décide de partir : "Moi je crois que je vais aller ailleurs" dit-il en poursuivant son propos qui est coupé par l'homme qui semble être un employé de la boulangerie : "Oui oui allez ailleurs" insiste-t-il.
⚡️PARIS / Durant l’#ActeXII des #GiletsJaunes, le gérant de la boulangerie Maison Landemaine refuse ⛔️ que des policiers rentrent armés dans son établissementhttps://t.co/uA3MPjP0pd pic.twitter.com/QPcGrE4N57
— Pure. (@PureTele) 2 février 2019
Les explications de la boulangerie
Maison Landemaine, qui dispose de 12 boulangeries à Paris, a
publié un communiqué sur ce sujet ce dimanche en début
d'après-midi, sur Facebook. "Suite à de nombreuses réactions à
une vidéo prise dans notre établissement de la Place de la
République ce samedi 2 Février, la direction de Maison Landemaine
tient à rappeler que nous sommes une enseigne de commerçants
apolitique" explique la direction.
"Pendant les manifestations, nos équipes ne transigent pas avec
ces valeurs d’accueil et s’efforcent de préserver une atmosphère
calme au sein de nos établissements en demandant aux policiers et
aux manifestants de ranger leurs armes et d’ôter leurs
cagoules" précise le communiqué.
Les images de cette vidéo amateur montrent pourtant que le policier n'a aucune arme apparente et ne porte pas de cagoule. Quant à l'arme de service des policiers, gendarmes ou douaniers, leur port est prévu par la loi.
La boulangerie a-t-elle commis une infraction ?
Rappelons dans un premier temps qu'il est interdit de refuser la vente d'un produit à un consommateur, comme le prévoit l'article L121-11 du code de la consommation.
Autre point qui pourrait être reproché à l'établissement, la violation de la liberté d'aller et venir. Un droit constitutionnel prévu par la décision n° 79-107 DC du 12 juillet 1979.
"N’ayez crainte, votre détestation des forces de l’ordre sera transmise aux 40 000 policiers et gendarmes qui travaillent en Île-de-France"
La décision de la boulangerie n'a par ailleurs pas eu un grand succès auprès des internautes. "Des excuses auraient été amplement suffisantes. Or, vous tentez de justifier ce qui ne peut l'être. Pathétique.", écrit l'un d'entre-eux sur Facebook, en réponse au communiqué.
"C'est une blague non ! Pour vous la police et les casseurs sont deux bandes rivales de même niveau ? Vous vous rendez compte de ce que vous écrivez ?" explique un autre.
"N’ayez crainte, votre détestation des forces de l’ordre sera transmise aux 40 000 policiers et gendarmes qui travaillent en Île-de-France, plus tous ceux qui y vivent et leurs familles. On ne voudrait pas heurter vos convictions en osant entrer dans vos sacro-saintes enseignes", a répondu pour sa part Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat de police Unité SGP FO.